20 interventions trouvées.
...e s’affronter au chevet du mourant. Dans ce contexte, les lois de 1999, 2002 et 2005 affirment avec force notre fraternité, qui s’exprime par le refus de l’abandon, de la souffrance et de l’acharnement thérapeutique, mais aussi par l’affirmation du principe d’autonomie. Respecter la parole du souffrant est un devoir pour le soignant. Cependant, malgré ces différents textes législatifs, le « mal mourir » persiste en France. Douze pour cent de nos concitoyens meurent dans des douleurs physiques réfractaires, sans parler des souffrances qui ne se résument pas à la douleur physique. Ainsi l’étouffement n’est, dans huit cas sur dix, pas pris en compte en fin de vie. Cicely Saunders, qui initia les soins palliatifs au début du XXe siècle, définissait la fin de vie comme une souffrance globale, phys...
...-même avons, en décembre dernier, soumis au Président de la République des propositions, qu’il a faites siennes. Elles visent à donner une valeur contraignante aux directives anticipées, afin d’assurer le respect de la parole du malade, et à reconnaître au malade en phase terminale un droit à la sédation profonde jusqu’au décès, autrement dit le droit, qui paraît bien légitime, de dormir avant de mourir, pour ne pas souffrir. Nous avons acquis la certitude que ces propositions, au-delà de nos convictions personnelles, permettaient de répondre à la demande de nos concitoyens. Cette étape significative s’inscrit dans la continuité des lois précédentes : au devoir des médecins répondra désormais le droit des malades. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, la mor...
...stable que les propositions formulées par nos collègues Claeys et Leonetti et retenues par le Président de la République sont susceptibles d’améliorer la situation actuelle et de satisfaire des demandes aujourd’hui sans réponse. Nous ne les jugeons pas pour autant suffisantes. Pouvons-nous sérieusement traiter la question de la fin de vie sans aborder celles de l’euthanasie et de l’aide active à mourir ? Là encore, les écologistes entendent les réticences et les hésitations. Mais combien de temps encore pourrons-nous ignorer des questions auxquelles nos homologues de nombreux pays ont su apporter des réponses, certes diverses mais dont nous pourrions tirer des enseignements plutôt que de les balayer d’un revers de main ? C’est tellement vrai que, lorsque nous étions dans l’opposition, nous avi...
...Choisir sa mort devrait être la dernière liberté. Pourtant, ce droit reste souvent refusé aux patients en phase avancée ou terminale d’une affection incurable, génératrice de souffrances intolérables et qui ne peuvent être apaisées. C’est là une atteinte à la liberté de décision du malade en fin de vie, atteinte qui n’est pas compatible avec le respect de la volonté de chacun et avec le droit de mourir dans la dignité, revendiqué dès 1978 dans une proposition de loi du sénateur Henri Caillavet. Dans ce même but, notre groupe a déposé dès le 26 septembre 2012 une proposition de loi « relative à l’assistance médicalisée pour une fin de vie dans la dignité », soit la traduction exacte du vingt et unième des « soixante engagements » de la campagne présidentielle de 2012. Certes, depuis quinze ans...
…bien que la distinction soit rendue très ténue par la notion d’« effet secondaire », qui figure dans le texte de M. Leonetti. Il faut sortir de cette situation ambiguë en reconnaissant, dans ce cas, le droit d’obtenir une véritable assistance médicalisée permettant de terminer sa vie dans les meilleures conditions possibles. Actuellement, le droit pénal assimile l’aide active à mourir, selon les circonstances, à un assassinat, à un meurtre ou à un empoisonnement. Même si, en fait, les condamnations sont assez rares, le législateur ne peut se défaire ainsi de ses responsabilités. Il ne peut s’en remettre à l’appréciation, aléatoire et variable, de juridictions statuant cas par cas et coup par coup. Le droit de mourir médicalement assisté doit, bien sûr, être strictement encadr...
...est trouvé modifié : de salutaire, celle-ci est devenue condamnable. À la volonté profonde de disposer de sa vie jusqu’à son ultime moment est ainsi venue s’adjoindre la demande d’une mort apaisée. Voilà ce qu’aujourd’hui nous demandent nos concitoyens et voilà ce dont ils ne bénéficient que trop rarement. Je l’affirme en effet devant vous : il existe malheureusement encore trop souvent un « mal mourir » en France. De fortes inégalités perdurent entre régions, villes et campagnes, entre établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes – les EHPAD – et structures hospitalières, et souvent au sein même de celles-ci. Combien de nos concitoyens meurent aujourd’hui tel qu’ils le souhaiteraient, entourés de l’affection des leurs, pris en charge par des équipes de soins spécialement dédi...
... mort » à celle de « donner la mort ». Les propos de notre collègue Alain Claeys, tels qu’ils ont été rapportés par un quotidien en novembre dernier, sont à cet égard édifiants : « Nous proposons la possibilité d’une sédation profonde et terminale jusqu’au décès et dans un délai non déraisonnable. » Et il ajoutait : « Pour la première fois, nous parlons d’une sédation forte dans le but d’aider à mourir. » On le voit bien, l’intention ne serait plus de soulager le patient, au risque d’affaiblir son organisme et donc d’accélérer son décès, mais elle serait à la fois de soulager le patient et d’abréger sa vie, donc de donner la mort. Il est indispensable que le texte de la proposition de loi précise l’objectif de l’acte de sédation, en rétablissant clairement la notion de double effet reconnue pa...
Car s’il est dogmatique de vouloir interdire à autrui, au nom de ses propres convictions, l’exercice d’une liberté, l’exigence du respect de la liberté de chacun n’est pas un dogmatisme : c’est une exigence républicaine. Belge de naissance, je sais d’expérience ce qu’est choisir l’euthanasie ; je sais d’expérience ce que signifie aller au bout des soins palliatifs et refuser toute aide active à mourir. Ces deux choix sont également respectables et je ne milite pas pour que l’un soit préféré à l’autre. L’honnêteté intellectuelle appelle d’ailleurs chacune et chacun d’entre nous à reconnaître que, face à cette ultime échéance, nous ignorons quelle serait notre propre décision. Mais il est une chose dont cette expérience personnelle m’a instruite : ce qui compte, c’est que chacun puisse avoir le ...
...at sur un sujet d’une telle importance. C’est totalement insuffisant, pour ne pas dire consternant. Quant au rapport de nos collègues Alain Claeys et Jean Leonetti, s’il contient quelques petites avancées, il s’acharne à défendre l’obstination déraisonnable en faveur du statu quo. Le jésuitisme des mots ne soulagera jamais la douleur des maux que subissent tant de malades. Car on continue à mal mourir dans notre pays, malgré les progrès des soins palliatifs, dont le bénéfice doit certes être élargi, mais qui atteignent à un moment leurs limites face à la souffrance extrême. Le « laisser-mourir » ne peut pas rester le viatique hypocrite de notre dernier départ. Est-il possible, dans ce pays, de regarder la mort les yeux ouverts ? Est-il acceptable de prolonger des agonies de peur d’enflammer l...
...ontinue jusqu’à la mort. C’est une réponse. En conscience, elle me semble positive mais insuffisante au regard des aspirations qui sont celles d’un certains nombre de nos concitoyens face à la perspective de la mort. Je souhaiterais à cet égard que notre débat nous permette d’examiner, au-delà de cette réponse qu’est la sédation profonde et continue, d’autres voies pour légaliser l’aide active à mourir dans la dignité.
... euthanasies frauduleuses », même si je n’emploierai pas quant à moi la même formule. C’est aujourd’hui une réalité ; certes, on peut faire comme si cela n’était pas le cas, mais cela existe bel et bien. Je ne reprendrai pas les termes du débat philosophique que certains ont évoqué, dont M. Léonetti, mais permettez-moi tout de même de citer deux philosophes : Nietzsche, qui demandait le droit de mourir à temps, et Montesquieu, qui considère la mort volontaire comme un remède entre ses mains. Ce débat existe depuis longtemps. J’y fais allusion puisque M. Léonetti l’a lui-même évoqué. Nous ne pouvons pas non plus ne pas prendre en compte un certain nombre de témoignages importants dans notre histoire collective. De grands hommes, des femmes célèbres ont choisi, en se donnant la mort, de témoigne...
...dignité ? Sera-ce au juge, demain, de définir l’état de dignité d’un homme en cas de conflit entre le médecin et la famille du malade ? Quel degré de handicap ou de souffrance nous fait passer de la dignité à l’indignité ? Ce sujet est bien évidemment à haut risque. Depuis deux ans, l’exécutif multiplie les avis derrière lesquels il pourrait se retrancher : celui de l’association pour le droit à mourir dans la dignité, pro-euthanasie évidemment, et dont le président s’est félicité de votre nomination, monsieur le Premier ministre ; le rapport Sicard et l’avis de Terra Nova qui préconisent tous deux le suicide assisté via l’assistance pharmacologique. L’éviction des représentants des religions au sein du Comité consultatif national d’éthique, lesquels condamnent bien entendu l’euthanasie, révèl...
...nnable. Jusqu’où ira demain cette logique infernale ? Une personne handicapée moteur incapable de se nourrir seule risque-t-elle de voir un jour considérer son assistance à l’alimentation comme de l’acharnement thérapeutique ? Osons dire les choses : arrêter l’hydratation et l’alimentation entraîne une agonie de plusieurs jours, totalement inhumaine. Il ne s’agit ni plus ni moins que de laisser mourir ces personnes de faim et de soif. Ces affaires médiatiques conduisent aujourd’hui à ouvrir de nouveaux débats, avec à l’horizon, la sombre perspective de l’euthanasie.
...nvient de bien définir les termes employés car, trop souvent, on s’abrite derrière eux et l’on se trompe. Première formule qui mérite explication, l’ « acharnement thérapeutique ». C’est une mauvaise formule : c’est d’ « acharnement médical » dont il faut parler, lequel est en effet inacceptable. Comment s’octroyer le droit de traiter, d’administrer un traitement à quelqu’un qui est en train de mourir parce que la mort gagne et que la maladie n’est plus guérissable ? Cet acharnement médical n’est pas acceptable, les médecins doivent le comprendre ! Certes, il faut bien entendu utiliser la sédation ou les traitements antalgiques afin d’éviter la douleur. Or, quelle est la différence entre eux ? J’ai essayé de comprendre… Un produit antalgique, par définition, « endort » la douleur. Je suis évi...
…parce qu’il m’est arrivé, en tant que médecin, de réanimer quantité de jeunes femmes et de jeunes hommes, mais aussi des personnes plus âgées, qui avaient tenté de se suicider et qui, une fois réanimées, m’ont tout simplement remercié, en me disant que leur passage à l’acte était un appel à l’aide. Faut-il laisser ces personnes mourir, parce qu’elles ont écrit une lettre ? Je n’en suis pas sûr.
La fin de vie, ce n’est pas seulement le stade terminal d’un cancer. La fin de vie, c’est aussi cette femme qui a tenté de se suicider et qui est en fin de vie si l’on ne fait rien. Je voudrais, pour finir, tenter de définir la « dignité ». C’est très difficile ! Un homme en train de mourir dans un service qui n’est pas adapté peut évidemment perdre sa dignité…
Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, ce débat nous donne l’occasion de partager ce que nous savons, ou pensons savoir, de ce propre de l’homme qu’est l’appréhension de sa mort. Je sais pour ma part que les grands âgés, qui sont les premiers concernés, hors des états de dépression, d’ailleurs fréquents, ne veulent pas mourir. Du reste, les déprimés eux-mêmes se suicident plus souvent qu’ils ne demandent à mourir. Je sais plus encore que ces grands âgés meurent le plus souvent là où ils ne devraient pas : dans les services d’urgence, qui sont faits pour sauver in extremis, et non pour accompagner la mort. Je sais qu’on meurt aujourd’hui dans la douleur, bien souvent comme au temps de Louis XIV, d’escarres, d’artérite...
...paradoxe, nous sommes en réalité exhortés à reprendre une réflexion philosophique ancestrale qui préoccupe les humains depuis la nuit des temps. L’homme a la conscience claire de la finitude de sa vie et, si notre civilisation moderne fait une place plus réduite que les sociétés antiques à la méditation sur la mort, elle n’en exprime pas moins le désir d’une fin de vie dans la dignité. Or le mal mourir persiste en France aujourd’hui. Nos concitoyens expriment le désir d’une fin de vie paisible, à domicile, avec leurs proches autour du lit et sans acharnement thérapeutique ou obstination déraisonnable. La réalité est toute autre : la plupart des personnes décèdent à l’hôpital, souvent même dans un service d’urgence, avec une atmosphère caractérisée par le bruit ambiant, le stress, et non propice...
...on sont réels, et ce, quelles que soient les précautions que nous prendrons. Combien de fois les familles, les personnels et bénévoles des EHPAD, des établissements qui prennent en charge les personnes en situation de forte dépendance, entendent « je veux en finir », et lisent dans le même temps dans le regard et les mains qui se cramponnent : « surtout ne m’abandonnez pas, je ne veux pas encore mourir. » Cette même angoisse, ces mêmes aller-retour de la conscience fragilisée du grand malade qui souffre poseront toujours au corps médical une interrogation fondamentale quant à la vie qu’aura ce dernier. Ainsi, si vous me permettez d’utiliser une telle expression, le bilan coûts-avantages de cette réforme me semble clairement pencher vers le maintien de la législation actuelle. Je le pense d’aut...