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...e s’exprimait. Depuis, elle a été littéralement bafouée, avec l’adoption au forceps du traité de Lisbonne. Pire, l’Europe est devenue le gendarme de l’austérité et la gardienne des intérêts de l’oligarchie financière. L’abîme qui sépare l’Union européenne des peuples qui la composent n’a jamais été aussi grand. On le voit aujourd’hui lorsque l’on se penche sur la situation grecque : alors que la Grèce est confrontée à une situation économique et sociale d’une gravité inédite, elle fait face à d’importantes échéances de remboursements, avec 1,6 milliard d’euros à reverser ce mois-ci au FMI. Les craintes d’un défaut n’ont jamais été aussi grandes. Depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza, les créanciers jouent la carte de l’asphyxie financière du pays, en rejetant la liste de réformes présentée pa...
...ndres, Paris ou Vienne ? Vous y trouverez Naples. C’est la destinée de l’Europe de devenir Naples. » Depuis 2010, nous avons tous l’impression que c’est le destin de l’Europe de devenir Athènes. Monsieur le ministre, vous avez commencé à répondre à M. Charroux sur la façon dont la France se positionne sur la question grecque, mais je voudrais revenir sur ce point crucial. La dette publique de la Grèce atteint aujourd’hui 177 % du PIB, alors qu’en 2010, lors du premier plan d’aide, elle n’était « que » de 110 %. De cette dette, 85 %, quasiment la totalité, sont détenus par les institutions, les États et la Banque centrale européenne, qui a dû d’ailleurs modifier à cet effet sa doctrine de non-rachat de la dette publique. De 2010 à 2015, les États européens ont su calmer la crise de confiance qu...
...n du défaut de paiement ou du défaut partiel n’est plus taboue, comme on le voit pour la dette grecque, puisque le FMI, par la voix de Christine Lagarde, l’évoque lui-même. L’effet serait de bannir la dette grecque afin de garantir la stabilité de la zone euro, quoiqu’il en coûte pour ses créanciers, c’est-à-dire principalement les autres États de l’Union. En effet, le scénario d’une sortie de la Grèce serait douloureux, avec la création d’une nouvelle monnaie générant, entre autres, une probable hyperinflation ainsi qu’un marché noir de l’euro. Toutefois, une solution alternative serait de transformer la dette grecque en dette perpétuelle, exigeant uniquement un paiement régulier d’intérêts. J’en viens à ma question : concernant le projet ancien d’une mutualisation progressive des dettes souv...
...ent des difficultés pratiques à sa bonne mise en oeuvre. Le plan jeunesse impulsé par la France, la politique volontariste de la BCE et les actions des gouvernements nationaux semblent commencer à porter leurs fruits. Par rapport à mars 2014, le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 679 000 dans l’Union – le taux le plus faible étant toujours attribué à l’Allemagne et le plus fort observé en Grèce. Concernant les jeunes, Eurostat a annoncé une baisse de 276 000 chômeurs sur l’année. Néanmoins, la France fait partie des quatre pays de l’Union au sein desquels le chômage tarde à baisser, surtout en outre-mer, et particulièrement en Guadeloupe, aux côtés de la Belgique, de l’Italie et de la Finlande. Monsieur le ministre, le travail intérimaire commençant à frémir en France, signe d’une repr...
...ur les dépenses publiques, baisse du pouvoir d’achat, de l’investissement, et donc de l’activité, moindres recettes fiscales, et donc besoin encore accru d’économies… Une telle spirale ne pourra pas durer éternellement. Pendant les quatre premiers mois de cette année, les dépenses de l’État grec n’ont été que de 16 milliards d’euros. Il est plus que temps de desserrer l’étau et de permettre à la Grèce de faire redémarrer l’activité du pays, afin que ses recettes fiscales repartent à la hausse. Monsieur le ministre, alors que Washington appelle à ce que toutes les parties avancent vers un compromis et que le gouvernement grec a déjà fait de nombreuses concessions, la position de l’Union européenne n’est-elle pas trop ferme et n’est-il pas temps de soutenir plus fermement les propositions de la...
...urd’hui un rôle politique de premier plan. Elle formule des recommandations à l’égard des gouvernements, les enjoignant de mettre en oeuvre les fameuses réformes structurelles censées flexibiliser le marché du travail et de lever tous les freins pour permettre de libérer les énergies. Son influence politique est encore plus visible au regard de la place occupée par la BCE au sein de la troïka, la Grèce ayant bénéficié, si je puis dire, de l’aide européenne en contrepartie de mesures de destruction sociale massive. Or, monsieur le ministre, ce rôle politique de premier plan n’était pas initialement prévu par les traités, alors que le principe même de son indépendance totale à l’égard du pouvoir politique y demeure gravé. Cette évolution du rôle de la BCE appelle nécessairement un contrepoids p...