Intervention de Michel Destot

Réunion du 7 juin 2016 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Destot :

Je suis de ceux qui se félicitent de la nomination de Rémy Rioux au poste de directeur général de l'AFD : sa vision stratégique, qu'il nous a exposée le mois dernier, lors de l'audition ayant précédé sa nomination, me semble être la bonne. Sans doute, au cours des dernières années, avons-nous privilégié une vision trop technocratique des dossiers. Or, au-delà des moyens financiers supplémentaires, l'aide au développement a également besoin d'un ciblage beaucoup plus clair des pays ayant vocation à recevoir une aide de la France : ainsi, il est permis de se demander s'il est justifié que nous intervenions encore en Chine, et si les aides dont bénéficie la deuxième puissance économique du monde ne seraient pas mieux utilisés au Burkina Faso, par exemple. De même, pour ce qui est des thématiques, nous devons être plus précis et établir des priorités plus distinctes entre l'économie, le social, le développement durable, l'éducation, la santé et l'urbanisation.

En ce qui concerne la francophonie, le rayonnement linguistique et culturel de notre pays est évident. J'étais à Kinshasa la semaine dernière, où j'ai pu constater l'excellence du lycée français qui s'y trouve : même le fils de l'ambassadeur des États-Unis y poursuit ses études ! Cela dit, notre ambition ne doit pas se limiter à enseigner le français dans les pays étrangers : nous devons développer notre capacité à attirer en France, notamment au sein de l'enseignement supérieur, les meilleurs étudiants étrangers, en particulier ceux qui viennent d'Afrique. En la matière, nos universités constituent un important potentiel, mais nous ne sommes sans doute pas organisés de manière optimale.

La République démocratique du Congo est le premier pays francophone du monde, avec 75 millions d'habitants, dont 12 millions pour la capitale Kinshasa – un chiffre qui devrait passer à 20 millions dans dix ans. Si ce pays possède d'importantes ressources naturelles, le revenu moyen par habitant y est encore faible. Nous y avons déjà fait beaucoup de choses – après l'École nationale d'administration, nous sommes en train de mettre en place l'Institut national de formation judiciaire –, mais l'intérêt de la France en termes de géopolitique et d'influence économique commande, à mon sens, que nous investissions encore davantage, notamment en apportant notre concours aux projets de villes durables, un domaine où nous possédons un bon degré d'expertise, qu'il s'agisse de l'eau, de l'énergie, de l'assainissement ou des transports.

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