Intervention de Éric Ciotti

Réunion du 19 juillet 2016 à 16h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Ciotti :

Si nous participons à cette réunion exceptionnelle, c'est parce que notre pays a subi, jeudi soir, jour de notre fête nationale, un nouvel attentat qui prolonge la longue série tragique que notre pays connaît depuis le 7 janvier 2015. Nous abordons donc ce débat avec gravité, conscients du devoir qui nous incombe de mieux protéger nos concitoyens. De fait, nous sommes réunis aujourd'hui – et nous devons pouvoir, me semble-t-il, partager ce constat – parce que certains dispositifs ont échoué et que d'autres n'ont pas fonctionné. Loin de moi, qui ai vécu cette nuit tragique dont les images resteront à jamais gravées dans ma mémoire, l'idée de faire un procès à quiconque mais, depuis le 7 janvier 2015, nous avons perdu quasiment toutes les batailles de cette guerre que vous et le Premier ministre avez légitimement évoquée, monsieur le ministre de l'Intérieur. Or, cette guerre, nous avons le devoir de la gagner.

Vous nous proposez aujourd'hui de proroger l'état d'urgence, comme je l'avais réclamé lors de l'examen des trois projets de loi précédents. Je n'aurai pas la cruauté de rappeler que, le 14 juillet dernier, à treize heures, le Président de la République avait annoncé dans son intervention télévisée qu'il ne demanderait pas cette prorogation au Parlement. Force est donc de reconnaître que nous sommes là parce qu'un événement tragique s'est produit. Nous vous l'avons souvent reproché, nous sommes face à un manque d'anticipation, alors que nous avons un devoir de vigilance.

Le triptyque qui fait se succéder d'abord l'émotion, ensuite la réaction, la communication, enfin la banalisation à mesure que le temps nous éloigne de la tragédie, n'est plus opportun.

Voici les principes qui nous guideront lors de l'examen des amendements.

Nous voulons que la prorogation de l'état d'urgence, dont nous souhaitons qu'elle soit prononcée pour une durée d'un an, soit efficace et utile. Nous aborderons ce projet de loi avec responsabilité, comme nous en avons le devoir, comme nous l'avons toujours fait. Il s'agit, monsieur le ministre, du dixième texte de lutte contre le terrorisme que nous examinons au cours de cette législature ; pour ma part, avec l'immense majorité de mes collègues du groupe Les Républicains, j'ai voté tous les textes précédents, quelquefois alors même que votre propre majorité y était hostile. Nous avons pris nos responsabilités ; nous avons été au rendez-vous de l'unité nationale. Mais, pour nous, l'unité nationale ne signifiera jamais l'inefficacité nationale.

Nous devons changer de cadre, car la guerre nécessite des moyens particuliers. Il nous faut réarmer notre pays, du point de vue juridique – en renonçant à certaines contraintes qui entravent notre capacité de protection –, budgétaire, matériel, humain et moral.

Nous souhaitons aller plus loin que ce que vous proposez à l'article premier, pour rendre l'état d'urgence plus utile, notamment grâce à des dispositions qui accroîtront l'efficacité de nos forces de l'ordre. Je veux leur rendre hommage, témoigner du courage exemplaire des policiers qui, à Nice comme sur tout le territoire national, ont fait preuve du sens du devoir qui les anime. Si la sécurité publique, si la police nationale n'était pas intervenue à Nice, il aurait pu y avoir plusieurs centaines de morts supplémentaires. Je tiens à exprimer à ces agents ma plus profonde reconnaissance. Nous avons aussi le devoir de protéger ceux qui nous protègent.

Tel est l'état d'esprit de notre groupe au seuil de ce débat d'une extrême gravité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion