Intervention de Patrick Mennucci

Réunion du 19 juillet 2016 à 16h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Mennucci :

Chacun comprend le niveau d'inquiétude du pays. Notre commission doit se hisser à la hauteur de l'angoisse qui étreint le coeur de nos compatriotes. Je soutiens sans réserve la proposition du Gouvernement de prolonger l'état d'urgence, en autorisant à nouveau les perquisitions administratives ainsi que la saisie de données informatiques.

Mais nous sommes là aussi pour éclairer le pays sur les moyens susceptibles d'améliorer notre capacité opérationnelle de recherche et de mise hors d'état de nuire des terroristes – que ces derniers soient organisés par un centre décisionnel ou qu'ils agissent de façon individuelle comme le tueur de Nice. Nous avons déposé des amendements qui devraient permettre d'éclairer le pays sur les solutions possibles.

Depuis la nuit du 14 au 15 juillet, nous assistons à un concours Lépine d'affirmations martiales, plus péremptoires les unes que les autres, comme si ceux qui les prononçaient avaient la solution pour régler cette situation. C'est pourquoi il me paraîtrait normal que certains de nos collègues ici présents s'expliquent sur des positions qui ont été prises. Un candidat à la présidence de la République nous dit que, s'il avait été à la place du Gouvernement, les choses se seraient passées différemment : je n'ai toujours pas compris s'il a la solution ou non, mais s'il l'a effectivement, il me semble nécessaire aujourd'hui qu'il la mette sur la table dans l'intérêt du pays. Tel autre candidat à la présidence de la République, qui a supprimé, lorsqu'il occupait déjà cette fonction, 12 469 postes de policiers et gendarmes ainsi que 1 000 postes de douaniers, et liquidé les renseignements généraux et la police de proximité, nous explique aujourd'hui que lui sait comment faire ! Je ne parlerai pas du premier adjoint au maire de Nice pour ne pas gêner notre collègue Éric Ciotti... Je ne partage pas tout ce qu'a dit ce dernier, mais je l'ai entendu défendre des positions plus réfléchies que celles qu'on a entendues sur la Promenade des Anglais ces derniers temps dans la bouche du premier adjoint précité. Il me paraît quand même nécessaire de dire que l'état d'urgence est indispensable. Mais oui, M. Jean-Christophe Lagarde a raison : nous devons aussi mobiliser la société.

Il me paraît essentiel de réexpliquer à nos concitoyens ce qu'est Daech : ce n'est pas une structure de l'islam radical. Daech est une secte millénariste qui pousse un certain nombre d'individus à des dérives. M. Jean-Christophe Lagarde commet une erreur : ce n'est pas parce que le terroriste a été un alcoolique, un fêtard ou que sais-je encore que son acte ne peut pas être revendiqué par Daech. C'est justement parce qu'il a été cela que Daech lui promet la capacité de se réformer. Il ne faut pas se tromper sur ce point.

Enfin, nous devrions essayer de regarder l'exemple de ce qui s'est passé en Algérie pendant la période noire. Je ne compare évidemment pas notre situation à celle d'un pays qui a subi 200 000 morts, mais rappelons-nous la façon dont la société algérienne a su isoler le Groupe islamique armé (GIA) et le terrorisme. Tout n'est pas comparable, car nous ne partageons pas la même culture, mais nous devrions aussi appeler nos concitoyens à faire en sorte que la lutte contre Daech soit la lutte de chacun d'entre nous et pas seulement celle du Gouvernement et de l'État.

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