Nous avons choisi « Santé publique France » comme marque de notre agence. En effet, pour certains, le signe « ANSP » signifie agence nationale de services aux personnes.
Le changement, c'est la synergie que nous devons être capables d'assurer entre les anciennes agences pour optimiser l'action de la nouvelle agence. Nous sommes déjà dans un rapprochement en matière de système d'information. L'ex-EPRUS va se rapprocher du site de Saint-Maurice, où un bâtiment est prévu à l'horizon 2017. L'unité de lieux à terme est indispensable car les équipes doivent se rencontrer, discuter et mettre en place des programmes intégrés – le directeur général a déjà plusieurs programmes intégrés en route ou en projet.
Parmi les 28 programmes de nos cinq axes stratégiques, quelques-uns me tiennent particulièrement à coeur.
D'abord, la lutte contre le tabagisme doit être une de nos grandes priorités. La France a sa « journée sans tabac », mais nos voisins anglais ont « le mois sans tabac ». Le ministère de la santé va lancer en novembre 2016 la grande campagne de communication « Moi(s) sans tabac », pour inciter le plus grand nombre de fumeurs à arrêter de fumer pendant 30 jours. Nous sommes tous d'accord pour dire que jusqu'à présent la lutte contre le tabagisme dans notre pays n'a pas eu le succès escompté par rapport à d'autres pays. L'Agence doit donc mettre l'accent sur la lutte contre le tabagisme, qui fait partie de son axe stratégique « déterminants de santé ».
Au titre de ce même axe stratégique, je citerai également le programme « vaccination ». Je fais partie d'une génération qui a vu les séquelles de la poliomyélite chez la génération précédente ; heureusement, la jeune génération n'est pas touchée. Aujourd'hui, alors que le taux souhaitable de couverture vaccinale est en baisse dans notre pays – je ne dis qu'il est bas –, la priorité absolue est une couverture vaccinale suffisante de la population. La grande consultation, voulue par la ministre de la santé et menée sous la présidence du professeur Fischer, est assurée par l'ANSP en termes de secrétariat et d'aide. Mais l'ambition de l'Agence doit se concrétiser au travers de son site internet sur la vaccination qui est actuellement mis en place. Quand vous tapez le mot « vaccination » dans un moteur de recherche, les premiers sites qui s'affichent sont ceux qui concernent les opposants à la vaccination. Il est donc indispensable que l'ANSP mette en avant la santé de tous au travers de ce site d'information sur la vaccination.
Vous avez raison, la question des populations vulnérables est très importante. C'est pourquoi l'un des programmes de l'axe stratégique « populations » s'intitule « populations vulnérables ».
Concernant la pollution due aux particules fines, c'est l'ANSP, au travers d'actions préalables de l'Institut de veille sanitaire, qui a mis en avant les chiffres que vous avez cités. L'Agence met en oeuvre la politique de prévention, mais elle doit aussi faire des propositions visant à protéger la population, la première étant la nécessité de diminuer les particules fines.
L'enquête ESPA 13 novembre est essentielle. Les psychiatres militaires savaient identifier ce qu'ils appelaient les névroses post-traumatiques : l'école française des psychiatres militaires, d'une qualité exceptionnelle, je pense notamment aux agrégés du Val-de-Grâce, a contribué à la caractérisation de cette population atteinte de névroses post-traumatiques. Je ne dis pas que toutes les personnes touchées par les attentats de novembre entrent dans ce cadre, mais les données collectées grâce à cette enquête permettront, d'abord, d'avoir une information sur l'état psychologique de ces personnes, et, ensuite, de caractériser cette population au regard de ce que l'on appelle les troubles post-traumatiques.
Vous m'interrogez sur les risques sanitaires à venir. C'est vrai, il y a des cas de Zika et de dengue en France métropolitaine du fait de la présence du moustique tigre, et une inquiétude également sur le chikungunya. En outre-mer, la question est traitée différemment, car l'EPRUS a agi dès 2013 quand le virus Zika a touché la Polynésie française, où le suivi de l'épidémie a permis de constater que le pourcentage de la population touchée, 40 % à l'époque, a diminué. En France, les ARS ont engagé des campagnes de désinsectisation dans le cadre d'une politique de prévention extrêmement soutenue. L'action des pouvoirs publics dans ce domaine est donc résolument active.
Enfin, l'association des cellules en région est une question importante. Ce premier conseil d'administration devra construire des relations fortes avec ses partenaires institutionnels, à savoir la tutelle et les agences régionales de santé. Cela est indispensable, d'autant qu'un représentant des ARS siège au conseil d'administration, où sont également présents un élu nommé par l'Association des maires de France et un autre par l'Association des départements de France.