Monsieur le Premier ministre, nous avons exprimé tout à l’heure notre solidarité, celle de la représentation nationale, avec tous ceux qui, à Nice, ont été témoins ou victimes de l’horreur. Mais c’est tout notre peuple qui est inquiet de la montée de la violence. Elle touche la France, à l’extérieur comme à l’intérieur de nos frontières, car il n’y a plus de frontière entre notre politique extérieure et notre politique intérieure face au terrorisme. En Libye, trois soldats français viennent de mourir pour la France. Sur le territoire national, nous déplorons les morts de Nice, ville symbole pour la France, un 14 juillet, jour de la fête nationale : c’est une double blessure pour la France ! Cette violence se nourrit aussi d’un malaise social. Nous l’avons encore constaté cette nuit lors de la mort d’un jeune homme à Beaumont-sur-Oise qui a suscité la réaction, certes inadmissible, d’une jeunesse bien souvent victime de la montée de la xénophobie et du racisme, non seulement ethnique mais social.
La crise est morale, l’individualisme exacerbé : injures quotidiennes à l’adresse des élus de la nation, au risque de détruire la démocratie représentative ; proposition tout aussi injurieuse envers la démocratie, cette nuit, d’établir un système de délation et de privation de liberté sans jugement, sur simple soupçon. La France doit éviter que la guerre contre le terrorisme ne dégénère en une guerre civile fondée sur le racisme et la xénophobie. Renforcer encore les dispositifs de sécurité alors que nos soldats, nos gendarmes et nos policiers sont à rude épreuve et refuser absolument la dérive vers un État totalitaire : existe-t-il, monsieur le Premier ministre, une solution pour assurer la sécurité des Français qui ont peur sans toucher aux valeurs de la France républicaine ?