Monsieur le ministre de l’intérieur, le 14 juillet 2016, la France a été à nouveau cruellement frappée, cette fois-ci en province, dans la ville de Nice, au nom de l’islam radical. Le tragique bilan encore provisoire fait état de 84 morts et de 202 blessés. Il n’est pas sans rappeler la tuerie du Bataclan en novembre dernier et ses 89 morts et centaines de blessés, à propos de laquelle la commission d’enquête que j’ai présidée et dont Sébastien Pietrasanta était le rapporteur a pointé très précisément toutes les failles et dysfonctionnements, notamment des services de renseignement français et européens.
J’observe d’ailleurs avec soulagement que dans une interview au journal Le Monde de ce soir, vous vous déclarez enfin ouvert à l’organisation d’une meilleure coordination et d’un meilleur partage du renseignement.
À Nice, c’est à la question des failles dans la sécurité mise en place à l’occasion de ce grand événement qu’il vous incombe de répondre. Mais, de grâce, n’invoquez plus l’union sacrée ou je ne sais quel esprit polémique pour échapper aux questions relevant de vos responsabilités ministérielles ! C’est l’honneur de notre démocratie, et c’est aussi le rôle et le devoir de l’opposition que de vous poser ces questions, toutes ces questions. L’interrogation est d’autant plus légitime que cet attentat revendiqué par Daech s’est produit alors que nous étions déjà sous le régime de l’état d’urgence censé nous protéger.
Monsieur le ministre, les victimes et leurs familles martyrisées sur la promenade des Anglais vous demandent légitimement les explications auxquelles elles ont droit. En effet, si, comme vous ne manquez jamais une occasion de le rappeler, et vous avez raison, en matière de terrorisme le risque zéro n’existe pas, est-ce qu’à Nice, l’État a bien pris toutes les mesures de sécurité qui s’imposaient pour parer ce type d’attentat ?