Chers collègues, je voudrais très solennellement vous appeler à confirmer un vote que nous avons déjà formulé à trois reprises, en séance publique, depuis le début de l’examen de ce texte. Il s’agit, pour le pouvoir politique, de prendre une décision claire d’interdiction de produits dont la toxicité – pour les abeilles et de nombreux animaux mais aussi pour l’air, les sols et les eaux, sans oublier l’être humain, comme le prouvent les premières recherches alarmantes – fait l’unanimité au sein de la communauté scientifique.
Au fil des débats, nous sommes parvenus à un texte d’équilibre, appuyé et partagé par la ministre de l’environnement et la secrétaire d’État chargée de la biodiversité. Nous avons ainsi retardé la date d’entrée en vigueur de cette interdiction et prévu des dérogations, afin de permettre aux agriculteurs de mettre en place d’autres modes de traitement et de culture. Ils seront aidés en cela par les travaux de l’ANSES, qui devra définir des substituts chimiques, biologiques culturaux, même si de nombreuses alternatives existent déjà.
Il est d’autant plus urgent de prononcer cette interdiction et de donner le signal du changement que l’évolution actuelle marque une aggravation du problème. En effet, les agriculteurs français, loin de réduire l’utilisation de ces produits, ont augmenté leurs achats d’imidaclopride de 36 % en 2014 par rapport à 2013, tandis que le volume de vente du thiaclopride triplait. Le temps n’est plus à l’observation et aux hésitations. Les scientifiques ont dit ce qu’ils avaient à dire. Les hommes et les femmes politiques que nous sommes doivent maintenant prendre leurs responsabilités et faire prévaloir l’intérêt public, l’intérêt des citoyens, sur les intérêts particuliers des semenciers de l’industrie phytopharmaceutique.
Depuis deux ans, la société civile s’est intensément mobilisée, bien au-delà des apiculteurs et des agriculteurs qui ont déjà effectué leur transition ou des associations environnementales. Quelque 670 000 citoyens ont signé des pétitions réclamant cette interdiction. Ils ne comprendraient pas que nous nous défaussions ce soir. Je vous appelle donc à rejeter ces amendements identiques.