Intervention de Franck Reynier

Réunion du 13 juillet 2016 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFranck Reynier :

En tant que rapporteur pour avis sur les crédits des grands organismes de recherche depuis 2012, j'ai rencontré et auditionné à de nombreuses reprises M. François Houllier. Je tiens à rappeler la qualité du travail qu'il a réalisé, son implication pour l'institution et le soutien de la communauté scientifique à l'égard d'un chercheur reconnu pour ses compétences et ses travaux.

L'annonce de votre nomination souhaitée par le Président de la République et le Premier ministre a suscité ce que l'on peut qualifier d'une vive émotion au sein de la communauté scientifique. Certains s'inquiètent d'un possible parachutage, et la presse s'en est fait abondamment l'écho. Je veux juste rappeler quelques éléments que nous avons tous pu lire dans les journaux.

Sciences en marche, association représentant la communauté scientifique, s'inquiète en ces termes dans Le Monde : « Si nos craintes étaient fondées et que le pouvoir politique réduisait l'un des organismes de recherche public majeur à une plateforme d'atterrissage d'un directeur de cabinet en mal de futur, nous considérerions qu'une ligne rouge a été franchie par un Gouvernement dont le bilan dans le domaine de la recherche scientifique est caractérisé par un reniement presque systématique du programme présenté lors de la campagne présidentielle de 2012 ». Et dans Libération, on peut lire ceci : « Peut-on diriger un grand organisme de recherche fort de 8 000 agents et près de 2 000 chercheurs sans être soi-même un chercheur reconnu ayant prouvé sa connaissance du métier par des publications internationales ou une implication dans l'encadrement doctoral ? » Les présidents des groupes Les Républicains et Union des démocrates et indépendants au Sénat et à l'Assemblée nationale ont écrit au Président de la République pour faire part de leurs inquiétudes, et de grands représentants syndicaux, en particulier le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), (« Ah ! » sur les bancs des commissaires du groupe Socialiste, écologiste et républicain) se sont aussi exprimés sur le sujet. La palette est donc large.

Tout porte donc à penser, Monsieur Philippe Mauguin, que votre candidature ne recueille le consensus. Je suis inquiet pour l'INRA qui doit continuer à travailler dans un climat apaisé, dans l'intérêt de notre recherche et d'un grand nombre d'acteurs, quelle que soit leur tendance politique.

Sur un plan plus politique, le groupe Union des démocrates et indépendants considère que cette nomination donne une bien mauvaise image d'une République que M. François Hollande nous avait annoncé vouloir exemplaire. Cela ressemble fortement à ce qui a peut-être déjà pu se produire dans le passé, c'est-à-dire à une République des copains. Dans quelques instants, nous allons devoir nous exprimer. Pour toutes les raisons que je viens d'évoquer, notamment le travail de qualité qui a été fourni par M. François Houllier et ses compétences scientifiques reconnues, en raison de l'indignation de la communauté scientifique qui pourrait et risquerait, par votre nomination, d'introduire à l'INRA un climat difficile à gérer…

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