Je propose que nous nous mettions d'abord d'accord sur les termes et sur la définition du syndrome fibromyalgique. Je vous livrerai ensuite un aperçu rapide des recherches menées à l'INSERM sur cette question, mais aussi sur les troubles qui lui sont associés, troubles du sommeil et douleurs chroniques. Je vous parlerai enfin des autres actions que nous menons en lien avec les associations de malades, ainsi que des retombées éventuelles de l'expertise collective en cours sur la fibromyalgie et dont nous attendons les résultats.
Nous n'avons pas aujourd'hui de marqueur précis de diagnostic pour le syndrome de la fibromyalgie, caractérisé par des douleurs diffuses, ressenties comme musculaires ou osseuses et qui sont associées à des troubles du sommeil, des troubles fonctionnels, psychologiques et cognitifs, avec une prédominance à l'âge adulte et chez les femmes. J'insiste sur cette absence de biomarqueur, qui est l'un des problèmes gênant aujourd'hui le diagnostic et jetant le trouble dans l'identification de la prévalence. Elle peut ainsi varier selon les études, mais, d'après des études d'échantillonnage, on peut l'estimer à 1,6 % de la population.
L'étiologie n'est donc pas déterminée, mais le stress physique et le stress psychologique constituent des facteurs de risque ; le ressenti individuel est extrêmement important. Cela a souvent pour implication l'errance de diagnostic, la répétition des examens, un risque de surmédicalisation. Malgré les critères mis en place par les associations de rhumatologie, l'on constate que les difficultés de diagnostic restent importantes.
Sur les travaux menés à l'INSERM, j'associerai les douleurs chroniques, les troubles du sommeil et le syndrome fibromyalgique. Aujourd'hui, nous avons à l'INSERM sept unités qui travaillent sur les douleurs chroniques. Un réseau sur les douleurs s'est mis en place. Le 12 mai dernier, un colloque associant médecins, associations de patients et psychologues s'est tenu sur la mise en place de ces réseaux, formulant des recommandations sur la recherche. Je pense qu'il importe de prendre également en compte l'aspect de la douleur chronique. Nous pouvons vous fournir le détail de ces unités et de leur localisation sur le territoire.
Six unités de recherche travaillent sur le sommeil et ses troubles. Elles s'associent parfois avec celles qui travaillent sur les douleurs chroniques, ce qui montre bien l'intrication de ces deux signes objectifs et notables dans la définition du syndrome. Nous avons sept équipes de recherche qui ont publié ou qui mènent des travaux aujourd'hui sur le syndrome fibromyalgique et sur des thématiques proches. Elles ont publié des articles importants au cours des cinq dernières années ; je vais revenir sur ce bilan.
La mise en place de cohortes statistiques de patients sera un élément essentiel pour la définition du syndrome et, peut-être, sur l'identification de biomarqueurs. Beaucoup de ces équipes travaillent en association sur les troubles du sommeil et les douleurs chroniques. Nous pourrons aussi vous fournir le nom des directeurs de ces unités.
Au total, 146 personnes travaillent aujourd'hui dans six unités de recherche de l'INSERM. Cela représente en 2015 une masse salariale d'environ 9,6 millions d'euros, en termes de subventions de l'État ou de ressources propres au niveau de l'INSERM. Je veux citer un centre d'investigation clinique qui mène des essais de traitement sur le syndrome fibromyalgique. Situé à Clermont-Ferrand, il conduit actuellement un essai randomisé en double aveugle, testant une molécule qui est un inhibiteur de la recapture de la sérotonine, dans le traitement de la fibromyalgie. Nous attendons les analyses statistiques. Cette étude importante porte sur le médicament Milnacipran. Voilà nos actions concrètes.
S'agissant des publications, non moins de 490 sont parues au sujet des troubles du sommeil, 520 autres ont porté sur les douleurs chroniques et 82 ont été spécialement consacrées à la fibromyalgie. La bibliométrie couramment pratiquée à l'INSERM a permis de les recenser. Au total, l'INSERM est associée à environ 30 % de ces publications, qui figurent pour certaines dans le premier décile mondial.
Il me paraît important de citer les actions que nous menons en lien avec les associations de patients, notamment les communications destinées au grand public. Un certain nombre de programmes associent les chercheurs aux associations de malades comme les publications de l'INSERM sur la douleur dans des magazines de sciences et santé ou les dossiers d'information que nous mettons à disposition du public.
Je veux citer, parce que c'est spécifique à l'INSERM, le lien avec les associations de malades. Nous avons aujourd'hui un groupe de réflexion avec elles, créé en 2003. Un partenariat existe avec 487 associations de malades. Les trois quarts d'entre elles participent régulièrement aux différentes actions de l'INSERM. Sur ces associations, onze sont impliquées dans le syndrome fibromyalgique ou le syndrome de fatigue chronique ; elles participent aux missions de l'INSERM dans un certain nombre d'actions, telle la relecture de projets de recherche ou la mise en place de recherches cliniques. Toutes ces associations ont été invitées au colloque et séminaire du 12 mai sur les douleurs chroniques.