Les troubles digestifs sont assez banalisés non seulement dans la population mais également chez les médecins, à qui l'on a enseigné que le syndrome de l'intestin irritable n'était pas grave.
Lorsqu'un patient souffre d'un grave symptôme digestif, il consulte un gastro-entérologue pour éliminer une maladie inflammatoire ou toute autre maladie sérieuse. Si ces hypothèses sont écartées, le symptôme a tendance à être minimisé et, du coup, un malade ne mentionnera pas forcément spontanément ce type de symptômes.
D'autre part, la fibromyalgie est une maladie « globale », alors que la médecine a tendance à appréhender le malade morceau par morceau, à travers un prisme hyperspécialisé. Dans le cas de la fibromyalgie, cela peut, par exemple conduire un malade chez une succession de spécialistes. Notre idée, au contraire, est d'appréhender les symptômes avec recul pour trouver une cause qui puisse les expliquer dans leur totalité.
Il y a aussi le fait que la définition de la fibromyalgie selon les critères définis en 1990 et qui n'ont été modifiés qu'en 2010, ne s'appuyait que sur la douleur. Si l'on prend désormais en compte les autres symptômes ce n'était pas le cas à l'époque où nous avons appris la médecine, et où la fibromyalgie ne faisait d'ailleurs pas partie de nos enseignements.
Actuellement, de très nombreuses études portent sur le microbiote, notamment dans le cadre des maladies neurodégénératives ou de l'autisme, mais sans résultats probants pour l'instant en ce qui concerne la fibromyalgie. Il nous a néanmoins semblé que nous disposions de suffisamment d'arguments pour proposer à nos patients la prise en charge que je vous ai exposée, même si elle n'est pas parfaite.
J'insiste enfin sur la forte réticence des patients comme des médecins à supprimer le gluten et surtout le lait de l'alimentation, notamment à cause des messages contradictoires dont font l'objet ces deux composants. Pourtant, sans qu'il soit question de donner de faux espoirs aux patients, on constate une amélioration de leur état en supprimant le lactose et le gluten. Ça marche.