Intervention de Philip Cordery

Réunion du 13 juillet 2016 à 14h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilip Cordery :

Merci pour cet état des lieux somme toute inquiétant : nous ne sommes pas au bout de nos peines et il est vrai que la petite manoeuvre interne de Cameron a provoqué des dommages collatéraux que l'on n'imaginait pas, que ce soit sur le plan interne avec un pays aujourd'hui éclaté entre les jeunes et les vieux, entre les villes et les campagnes, entre les élites et les classes populaires, entre les Britanniques et les étrangers… ou que ce soit en matière de politique étrangère avec tout ce que vous venez d'évoquer.

Personne n'était préparé au Brexit, mais de là à voir la débandade de tous ses acteurs – Johnson et Farage d'un côté, Corbyn de l'autre ! Tous ont été fragilisés. Comment pouvez-vous l'expliquer ? On ne comprend pas bien pourquoi aucun conservateur n'a saisi le taureau par les cornes, ce qui lui aurait permis d'obtenir l'investiture interne du parti.

Ensuite, je suis très inquiet concernant l'Irlande du Nord. J'ai rencontré, la semaine dernière, le chef du parti social-démocrate et travailliste (SDLP, Social Democratic and Labour Party), et quand j'entends ces modérés tenir un discours très ferme sur le maintien au sein de l'Union européenne, quoi qu'il arrive, et sur le fait qu'il n'y aura pas de frontière entre « [eux] et l'Irlande », on imagine mal les conséquences du Brexit en Irlande du Nord. Et la paix est suffisamment fragile, vous l'avez souligné, depuis les années 1980, pour que nous ne craignions pas un retour à tout moment du conflit – et le Sinn Féin a fait des déclarations bien plus alarmantes. En effet, où placer la frontière entre l'Irlande du Nord et l'Irlande dans l'hypothèse de l'établissement d'un contrôle aux frontières ?

Enfin, je comprends votre analyse sur une possible nouvelle alliance entre l'Allemagne de Mme Merkel avec les pays de l'Europe du Nord. Reste que ces pays ont dû être affectés par la trahison de Cameron puisqu'il était leur allié en interne et qu'ils n'ont pas intérêt, dans l'année à venir et avant les élections allemandes, à une trop faible réaction des autres pays européens, faute de quoi l'AfD (Alternative für Deutschland – Alternative pour l'Allemagne) ou d'autres partis anti-européens allemands risquent de progresser. J'ai donc l'impression que, pendant un an, les pays en question vont faire preuve de fermeté.

N'y a-t-il tout de même pas une erreur stratégique de Cameron, au départ, qui aurait été plus inspiré de chercher des alliés et de chercher ainsi à affaiblir l'Union européenne de l'intérieur ? En effet, les résultats des élections au Danemark, en Pologne, ont fait apparaître des partis plus eurosceptiques qu'auparavant. Or Cameron aurait beaucoup plus obtenu en cherchant à s'allier à eux, quitte à laisser la zone euro travailler.

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