Monsieur Bernard Roman, votre intervention liminaire démontre votre parfaite connaissance de ces sujets.
L'ARAFER est une autorité publique indépendante qui a pour mission de veiller au bon fonctionnement du marché ferroviaire. Véritable régulateur du transport multimodal, en particulier depuis que son domaine d'intervention a été étendu aux autoroutes, aux lignes d'autocar et au tunnel sous la Manche, elle émet des avis contraignants et peut, par sa commission ad hoc, prononcer des sanctions. Si je rappelle ses compétences, c'est pour mieux conforter le choix du Président de la République.
Vous êtes en effet, monsieur Bernard Roman, totalement engagé au service de l'intérêt général et du service public. En témoignent votre carrière professionnelle – vous avez été enseignant, haut fonctionnaire territorial, avocat – et vos mandats électifs, qui vous ont permis de devenir un spécialiste du droit public et de la gestion des ressources humaines. Premier adjoint au maire de Lille chargé des finances et du personnel de 1983 à 2004, premier vice-président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais chargé des finances de 2004 à 2012, vous avez eu à connaître des négociations entre la SNCF et RFF. Vous avez également présidé la commission des lois de notre assemblée, dont vous êtes le premier questeur depuis 2012. Autant d'expériences qui vous permettront d'assumer sans difficultés votre nouvelle mission – ce dont, je le sais, aucun de nos collègues ne doute.
Le premier président de l'ARAF puis de l'ARAFER, Pierre Cardo, à qui je veux rendre hommage, a donné toute sa dimension à cette institution et a su affirmer son indépendance. Je sais qu'il en sera de même pour vous, car je connais votre capacité à résister aux pressions, qu'elles soient amicales ou non, surtout lorsqu'il s'agit de défendre les principes fondamentaux qui fondent votre engagement au service de la population. M. Pierre Cardo a élaboré une doctrine dont l'objectif était de permettre à tous de comprendre la logique qui préside aux décisions de l'ARAFER. Souhaitez-vous vous inscrire dans cette démarche en écrivant de nouvelles pages de cette doctrine ?
L'ARAFER, dont les missions ont été étendues, est une institution en pleine croissance. À preuve, le nombre d'avis et de décisions qu'elle a rendus a doublé entre 2014 et 2015 et plus que triplé par rapport à l'an dernier, puisqu'elle a produit 85 textes au cours des six premiers mois de cette année, contre 44 en 2015. Vous avez évoqué la problématique des moyens financiers et humains ; nous serons amenés à y revenir au cours des prochaines années. Malgré l'élargissement de ses missions, l'autorité a continué à exercer ses pouvoirs de police, de poursuite et d'investigation. Souhaitez-vous poursuivre dans cette voie ou envisagez-vous d'externaliser ces pouvoirs ?
En ce qui concerne l'état du réseau et la dette de SNCF Mobilités et de SNCF Réseau, votre prédécesseur a souligné la contradiction qui existe entre la nécessité de rénover le réseau et la construction de nouvelles lignes à grande vitesse. Quelle est votre approche de cette question importante ?
L'entrée en vigueur du quatrième paquet ferroviaire et l'ouverture à la concurrence des transports ferroviaires internationaux de voyageurs en 2020 pour les grandes lignes et en 2026 pour les lignes régionales constitueront une part importante de votre mission. Comment entendez-vous garantir l'accès de tous les opérateurs au réseau ferroviaire national ? Comment appréhendez-vous la « tentative de reprise en main », dixit votre prédécesseur, de l'appareil d'État sur la nécessité d'assurer une régulation indépendante, indispensable pour l'ouverture du trafic et pour le prix des péages, puisque l'on a assuré la refonte de l'utilisation du réseau, et la clarification, à travers un contrat éventuel, des rapports entre l'État et la SNCF Réseau ?
Votre prédécesseur a beaucoup insisté sur la nécessité de modifier la gestion des gares et de moderniser les systèmes de gestion des sillons, aujourd'hui assurée par le logiciel Thor créé en 1982 et devenu complètement obsolète.
Vous avez largement évoqué la nouvelle compétence confiée à l'ARAFER concernant les autocars ; je n'y reviens donc pas. Je confirme cependant que votre rôle consistera à assurer un équilibre et à éviter une concurrence, dans chaque territoire concerné, avec les TER et les trains d'équilibre du territoire.
S'agissant du secteur autoroutier, votre rôle sera relatif. Il doit néanmoins vous conduire à vérifier les taux de rentabilité interne de chaque concession. Comment comptez-vous aborder ce qui sera un autre de vos chantiers majeurs ?
En conclusion, je réaffirme le soutien total du groupe socialiste, écologiste et républicain à la proposition de vous nommer à la présidence de l'ARAFER. Dans un monde ouvert et décentralisé, vous saurez, j'en suis convaincu, positionner au mieux le service public ferroviaire dans un environnement concurrentiel et réguler les différents acteurs routiers et autoroutiers.