Négawatt ne peut que se satisfaire de constater que la demande électrique se stabilise, voire décroît, ce qui ne signifie nullement une décroissance de la richesse ou du PIB.
Cela étant, l'avenir de l'énergie aujourd'hui, ce sont deux technologies émergentes mais destinées à être dominantes demain et à remplacer à terme les énergies conventionnelles comme le thermique ou le nucléaire : le photovoltaïque et l'éolien, même si les autres énergies renouvelables ont également leur part à prendre. Ces énergies, déjà compétitives dans de nombreux cas, seront globalement moins coûteuses à l'avenir. En outre, elles sont créatrices d'emplois, comportent moins de risques industriels et sont bonnes du point de vue du changement climatique.
Elles vont nécessiter davantage de flexibilité sur le réseau, au niveau de la production, de la consommation ou du stockage, grâce en particulier, dans ce dernier cas à la valorisation des excédents électriques, puisque la technologie du power to gaz, c'est-à-dire la jonction entre les systèmes électrique et gazier, pourrait permettre, demain, de faire rouler voitures et camions. Certes, nous n'en sommes encore en la matière qu'au stade de la recherche et développement, mais c'est un procédé qui, à l'horizon 2030 – sans doute un peu plus tard en France –, deviendra incontournable, et les décisions d'aujourd'hui doivent donc s'inscrire dans cette vision de moyen terme.
En ce qui concerne la gestion des actifs et les investissements réalisés, soyons clairs : on ne peut lutter contre le changement climatique, réduire les risques d'approvisionnement ou les risques industriels sans admettre qu'il y aura des coûts échoués. L'important est de les limiter, ce qui implique de raisonner régionalement.
Quant à la coopération, il doit s'agir d'une coopération matérielle sur les réseaux mais également d'une concertation globale afin d'aboutir à un retrait coordonné des surcapacités. La chute des prix de l'électricité est aujourd'hui un problème pour tout le monde et rend obligatoire – ne nous voilons pas la face – que certains s'effacent. Ce ne pourra être que les producteurs d'énergies fossiles et, de manière plus générale, les producteurs les moins flexibles, dont le nucléaire. Or aujourd'hui, et c'est bien un signe que le marché dysfonctionne, alors que l'on a besoin de flexibilité, ce sont les producteurs les plus flexibles qui disparaissent en premier, comme les centrales à cycle combiné gaz. Il est donc primordial d'associer à la réforme du marché de l'électricité une réforme du système communautaire d'échange de quotas d'émission de carbone, et de garantir sur la durée les revenus pour les énergies renouvelables.
En ce qui concerne les marchés de capacité, c'est, selon nous, un problème franco-français, lié au poids du chauffage électrique dans la demande actuelle. Or il nous semble qu'il y a d'autres manières de résoudre la question de la sécurité d'approvisionnement que de garder des unités de production sous cocon pendant 8 500 heures par an pour les faire fonctionner quelques dizaines d'heures seulement. Ce n'est raisonnable ni en termes de dépense publique ni en termes de coût collectif et, si ceux qui ont investi dans ces unités souhaitent continuer à gagner de l'argent, mieux vaut qu'ils se reconvertissent dans d'autres activités : tout le monde y gagnera.