Intervention de Jean-Louis Bal

Réunion du 12 juillet 2016 à 15h00
Commission des affaires européennes

Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables :

Suite à l'intervention de Jean-Pierre Roncato, je voudrais rappeler qu'il faut parfois investir pour prolonger la durée de vie d'équipements dits amortis, ce qui représente un coût. Cela dit, les premiers parcs éoliens qui sont sortis de l'obligation d'achat ainsi que de multiples installations de petit hydraulique vendent désormais sur le marché sans aucun soutien.

Il y a eu beaucoup de commentaires sur les énergies renouvelables qui seraient notamment responsables de l'effondrement du marché de l'électricité européen. Je voudrais m'inscrire en faux contre une telle assertion. Rappelons que le développement des énergies renouvelables a été annoncé, dès 1999, dans la première directive sur l'électricité renouvelable. En 2007, le paquet énergie-climat tendait à faire passer la part des énergies renouvelables à 20 % du mix énergétique européen. Le pourcentage est désormais fixé à 27 %, un objectif qui n'est peut-être pas très ambitieux mais qui représente quand même un effort considérable.

Nombre de compagnies d'électricité européennes n'ont pas pris ces projections au sérieux, d'où un défaut d'anticipation. La crise économique de 2008, qui était imprévisible, a provoqué une stagnation de la consommation. Néanmoins, cela n'a pas empêché certains grands acteurs européens du secteur de l'énergie d'investir dans des moyens de production d'énergie carbonée alors que nous avions des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de développement des énergies renouvelables. Accuser les énergies renouvelables me semble un peu exagéré.

Il est vrai que ces énergies renouvelables doivent aujourd'hui entrer dans le marché, du moins quand elles sont produites par les plus grandes installations ; il ne s'agit pas de demander aux particuliers de s'adapter au marché de gros de l'électricité. Pour les grandes installations, nous sommes favorables à une intégration au marché qui s'accompagne d'un complément de rémunération, comme cela a été prévu en France dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Nous pensons qu'il faudra maintenir ces compléments de rémunération, à des niveaux qui vont forcément évoluer, au moins jusqu'en 2030 ou, en tout cas, jusqu'à ce que l'on ait une vision de long terme des conditions de marché, notamment en matière de CO2. Sur ce point, je pense que nous sommes en phase avec beaucoup d'administrations et d'organisations professionnelles en Europe.

Il a été fait mention d'un déploiement anarchique des éoliennes, sans consultation des maires. Si les maires ne sont pas consultés, c'est que des administrations ne respectent pas la loi : la consultation est obligatoire à la fois pour la délivrance du permis de construire, l'autorisation d'installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) et la création des schémas régionaux éoliens (SRE). Si cette information est fondée, il faut faire un procès à l'administration.

Venons-en au stockage. Les équipements de production ne constituent plus la priorité des politiques de recherche et développement en matière d'énergies renouvelables, même s'il faut, bien sûr, continuer à améliorer le rendement des panneaux photovoltaïques, des turbines d'éolienne, etc. Les priorités actuelles sont le stockage de l'énergie, en allant jusqu'au power to gas, et les réseaux intelligents permettant de gérer les consommations. Où en est-on ? Le stockage le plus performant sur les plans technique et économique reste, dans le domaine de l'hydraulique, les stations de transfert d'énergie par pompage (STEP). Cependant, des progrès spectaculaires ont été réalisés au cours des dernières années en matière de batteries. Il faudra rapidement s'interroger sur le niveau le plus pertinent de stockage. Faut-il du stockage chez tous les consommateurs ? Faut-il qu'il soit régionalisé ? C'est une vraie question.

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