Intervention de André Vallini

Réunion du 5 juillet 2016 à 17h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

André Vallini, secrétaire d'état auprès du ministre des Affaires étrangères et du Développement international, chargé du Développement et de la Francophonie :

Madame la présidente, je suis très heureux d'être là, pour deux raisons ; l'une qui m'est très personnelle : c'est dans cette salle et à cette même place que j'ai présidé, il y a dix ans, la commission d'enquête sur l'affaire Outreau, qui reste l'un des plus forts souvenirs de ma vie parlementaire ; le sujet de ce colloque est ensuite au coeur de mes préoccupations depuis longtemps, puisque je suis entré dans la vie publique en 1981 comme assistant parlementaire de Gisèle Halimi, grande avocate féministe s'il en est.

Je souhaiterais, en ouverture de ce colloque, aborder plusieurs points, à partir d'un constat simple et terrible à la fois : la pauvreté est au coeur de l'inégalité de genre puisqu'elle touche davantage les femmes que les hommes – cela constituera le premier point de mon intervention. Plusieurs leviers sont à notre disposition pour remédier à cette situation : l'accès à l'éducation, l'accès aux droits sexuels et à la santé reproductive, enfin la promotion de l'égalité de genre sur la scène internationale, trois points que j'aborderai successivement.

L'égalité femmes-hommes est avant tout un enjeu éthique, mais aussi économique, du fait de son impact sur le développement. Lorsque les femmes connaissent une plus grande égalité de statut au sein de la famille, les enfants ont davantage de chances d'achever leur cursus d'enseignement primaire. Lorsque les femmes ont accès à leurs droits reproductifs et sexuels, la mortalité maternelle baisse et les résultats en matière de santé infantile sont meilleurs. Quand les femmes enfin ont accès aux services financiers, elles créent des entreprises solides et viables, et donc de la croissance et de l'emploi. Pour autant, la situation ne cesse de s'aggraver pour les femmes, qui souffrent davantage de la pauvreté que les hommes.

Avec l'adoption de l'Agenda du développement durable pour 2030, les États se sont engagés à bâtir un monde meilleur, à corriger les effets négatifs de la mondialisation et à construire des sociétés inclusives, justes et équitables. Le premier des objectifs de développement durable (ODD) n'a pas été choisi au hasard : il vise à l'élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde à l'horizon 2030.

Mais, au-delà des slogans et des belles paroles, éradiquer la pauvreté reste un défi difficile à relever. La forte croissance économique de la fin du siècle dernier et du début de celui-ci a certes permis le décollage de plusieurs pays du sud, ces pays dits « émergents ». Cette accélération évidente de la croissance en Chine, en Inde, au Brésil ou dans certains pays d'Afrique – 9 % en Éthiopie, 6 % en Côte d'Ivoire – a certes permis de sortir de la pauvreté des dizaines de millions de personnes, mais ces nouveaux géants économiques en devenir n'ont pas redistribué de manière équitable les dividendes de la croissance entre leurs citoyens et entre leurs territoires.

C'est particulièrement manifeste lorsque l'on regarde les écarts entre les femmes et les hommes. La pauvreté touche d'abord les femmes, qui sont les premières victimes des inégalités économiques, avec, dans la plupart des pays, des salaires inférieurs à ceux des hommes. Au début des années 2000, j'ai été rapporteur sur le projet de loi relatif à l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes : à l'époque, l'écart moyen des salaires était de 25 % ; il me semble qu'il est aujourd'hui de 20 % soit une progression de points en quinze ans.

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