Je salue la méthode collaborative instaurée par la stratégie « Genre et développement ». Nous nous félicitons de l'appropriation de la stratégie par les opérateurs et la société civile. Notre force est de travailler en plate-forme ou en coalition, de manière collaborative, tout en conservant le regard de la société civile sur nos activités.
Comment atteindre les objectifs de la stratégie « Genre et développement » ? C'est le défi auquel notre direction, au ministère, est confrontée chaque jour. Ce changement de culture institutionnelle doit être instauré progressivement. C'est malaisé, puisqu'il s'agit de modifier, voire de bouleverser, les habitudes de travail des individus et des services. Nous constatons cependant des changements très positifs. Certains de nos postes – au Maroc, au Soudan, au Burundi, au Kenya –, très impliqués, prennent des initiatives intéressantes, organisent des événements culturels ou financent des ONG qui défendent les droits des femmes. Nos représentations à Bruxelles et à New York défendent également les droits des femmes avec conviction.
Le dialogue et la formation des agents sont également essentiels pour atteindre les objectifs de la stratégie « Genre et développement ». Nous avons atteint l'objectif fixé : 50 % des agents ont été formés en 2015. Aujourd'hui, nous travaillons à des formations sur mesure en fonction des publics. Nous assurons déjà des formations spécifiques selon les métiers exercés, et en dialoguant avec les points focaux « genre » des directions géographiques, l'idée vient de germer de formations spécifiques par région pour identifier des thématiques d'intervention régionale. Nous accompagnons donc les agents de manière personnalisée.
Nous mobilisons aussi nos postes diplomatiques et nos représentations permanentes, et dans les instructions aux ambassadeurs qui prennent leurs fonctions nous inscrivons de façon systématique la dimension de genre et l'égalité hommes-femmes.
En revanche, le dialogue bilatéral a été négligé dans la mise en oeuvre de la stratégie. Pourtant, dès que des changements sont à l'oeuvre qui touchent aux systèmes de valeurs des sociétés, la mobilisation et l'engagement politique sont déterminants. Nous devons davantage mobiliser nos postes pour animer le dialogue politique avec les autorités des pays de résidence.
Nous poursuivons notre plaidoyer dans les enceintes internationales : je n'ai nul besoin de revenir sur le travail fait au niveau de l'Union européenne ou de la CSW sur les droits sexuels et reproductifs.
Nous développons aussi des outils spécifiques – ainsi de l'outil de marquage du financement dans le cadre du Fonds de solidarité prioritaire (FSP). En 2015, tous les programmes et projets d'aide du ministère ont été examinés au regard du marqueur égalité hommes-femmes du CAD de l'OCDE, et sur 28 projets du FSP approuvés en 2015, 27 avaient l'égalité hommes-femmes pour objectif prioritaire ou secondaire. Le ministère a donc dépassé l'objectif assigné à la stratégie, qui prévoyait que 40 % des projets devraient avoir l'égalité hommes-femmes comme objectif prioritaire ou secondaire en 2015.
Toutefois, les actions menées dans le cadre du FSP ne représentent qu'une partie des interventions du ministère. Nous devons élargir ce marquage à l'ensemble de nos interventions, qu'elles soient centrales ou dans nos postes, et les objectifs de développement durable (ODD) sont une opportunité à cet égard.
En effet, l'adoption de l'Agenda 2030 pour le développement durable et les engagements pris par les États à la conférence d'Addis-Abeba sur le financement du développement reformulent les paradigmes de l'aide publique au développement.
L'année 2015 a été, pour le dialogue international, un moment propice pour rendre visible le rôle des femmes en tant qu'actrices du développement et facteurs de changement. Comme vous le savez, la France a milité pour l'adoption du cinquième ODD, relatif à l'égalité entre les sexes, ainsi que la prise en compte transversale dans tous les ODD de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Au sein du comité international sur les indicateurs, nous sommes extrêmement vigilants pour conserver des cibles et des indicateurs précis, et pour obtenir des données désagrégées par sexe et par âge. Les ODD nous permettent de développer des méthodologies et des indicateurs plus précis de manière à mesurer puis à rendre compte des résultats atteints. Nous devons donc en user pour faire mieux, être plus efficaces et plus efficients.
La Direction générale de la mondialisation, de la culture, de l'enseignement et du développement international du ministère s'est donc restructurée pour organiser son travail en fonction des ODD. En insérant véritablement la dimension « genre » de manière transversale dans ses politiques de développement, à tous les niveaux, nous pourrons faire mieux avec les ressources dont nous disposons.