Nous sommes tout à fait conscientes et conscients qu'il y a un chantier énorme sur la formation des maîtres. Plusieurs chercheuses et chercheurs en science de l'éducation sont mobilisés sur ces questions et essayent d'organiser les choses. À cet égard, s'il est vrai que nous ne sommes pas encore de façon systématique dans ces établissements de formation des maîtres, c'est à cela notamment que servent nos masters, dont Paris VIII.
C'était d'ailleurs une question que vous nous aviez posée : comment les études de genre professionnalisent-elles ? Nous constatons avec le master de Paris VIII, qui est un master recherche, que viennent vers nous des personnes déjà professionnalisées, et en particulier un certain nombre d'enseignantes du primaire et du secondaire – il convient de souligner qu'il s'agit plutôt d'enseignantes que des enseignants – qui cherchent de quoi réfléchir sur leurs pratiques et se donner des outils, car il n'y a pas d'outils pratiques sans outils théoriques, c'est important de le souligner. Nous avons aussi des travailleurs sociaux, des avocates au sein de ce master.
Sur la question de la diffusion de la culture scientifique, je souscris pleinement à votre analyse et j'ajouterai, en tant que professeure de littérature, qu'il est non seulement dommage que les filles n'accèdent pas suffisamment en grand nombre aux carrières dites scientifiques , mais l'inverse l'est également. Nous voyons depuis un certain nombre de décennies, un phénomène qui s'accentue et qui est un phénomène de « genderisation des carrières » – pardonnez-moi ce néologisme –, c'est-à-dire que les filles restent dans des domaines qui sont plutôt tournés vers les sciences sociales et les humanités, et inversement, nous manquons de garçons dans les humanités. Il serait intéressant de penser ces deux questions à la fois.