Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 5 juillet 2016 à 18h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Le véritable enjeu est bien de renforcer les relations entre nos deux pays. Cela étant, le degré de confiance de la relation avec mon homologue britannique est remarquable et à bien des égards je pense que nous sommes devenus leur principal partenaire au quotidien en matière de défense. Il est vital d'éviter d'éventuelles conséquences négatives du Brexit en continuant à développer une relation forte, transparente et accueillante.

Nous arrivons au terme du travail de mise en place de la force expéditionnaire commune (CJEF), les derniers exercices ayant été particulièrement concluants et l'attention se focalisant désormais sur les scenarii d'emploi. Notre coopération nucléaire est également exemplaire, notamment dans le cadre du programme Epure à Valduc et du centre de développement technologique d'Aldermaston. Sur le SCAF, nous en sommes encore au stade des études de faisabilité jusqu'en 2017, et à l'évidence il faudra poursuivre.

Je note en outre que malgré le récent référendum, le Royaume-Uni a annoncé son souhait de continuer à participer aux opérations Sophia et Atalante.

S'agissant du Levant, nos effectifs cumulés déployés en Jordanie et en Irak représentent environ 1 000 personnels. Bien entendu, ce total augmente fortement lorsque le porte-avions contribue sur place aux actions de la coalition, ce qui devrait à nouveau intervenir prochainement. Le format de nos effectifs à la fin de cette année dépendra des décisions qui seront prises par le président de la République à la suite des discussions avec nos partenaires en juillet. Il n'est pas envisagé de déployer au sol des unités de combat constituées complètes, mais des efforts supplémentaires peuvent être consentis en matière de formation, d'appui ou d'intervention aérienne.

La sécurité des installations nucléaires ne relevant pas de mes attributions, M. Ciot, je vous propose de répondre par écrit à votre question, après consultation du ministre de l'Intérieur.

Pour ce qui est des initiatives en matière maritime en discussion lors du sommet de Varsovie, l'enjeu est de mettre en place une stratégie globale et cohérente, permettant d'intégrer à la fois les différents enjeux (Méditerranée, Atlantique nord, etc.) et les différentes missions en cours. Cette stratégie globale permet aussi de démontrer que l'OTAN n'est pas et ne doit pas être uniquement focalisée vers l'est.

Je dois vous avouer que je n'ai pas eu le temps de prendre connaissance du rapport de la commission d'enquête présenté aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, je ne suis pas favorable à une réduction du contrat opérationnel de protection terrestre, dont les objectifs doivent demeurer de pouvoir déployer 7 000 hommes dans la durée, et jusqu'à 10 000 hommes temporairement pour faire face à une crise. Je pense qu'il nous faut progresser vers une posture plus dynamique et organiser davantage d'exercices en commun avec les forces de sécurité intérieure. Cela doit nous permettre de mieux mettre à profit sur le territoire national les qualités propres aux forces armées que sont l'agilité, la réactivité et l'utilisation d'un armement de guerre – raison pour laquelle je suis opposé à une substitution des armes de poing aux FAMAS. Quant à l'intervention en milieu clos pour libérer des otages, cela suppose une extrême spécialisation et des compétences particulièrement pointues ; même nos forces spéciales ne maîtrisent pas toutes les dimensions de ce type d'opération au même niveau d'excellence qu'une unité comme le GIGN.

Pour répondre à la question de M. Lamblin sur l'éventuel décès d'al-Baghdadi, je ne dispose d'aucune information confirmée sur ce point. En revanche, son adjoint aux finances a bien été récemment éliminé.

S'agissant du décès d'un caporal du 3e RPIMa, son corps a été retrouvé dans une zone de repos de son unité et il semble bien qu'il s'agisse d'un suicide commis avec son arme de service. Une enquête a été ouverte sous l'autorité du procureur de Paris, et tout laisse à penser que ce drame n'est pas lié aux conditions de l'opération Sentinelle elle-même.

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