Intervention de Pierre Lequiller

Réunion du 5 juillet 2016 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lequiller :

L'immigration a joué un rôle très important dans le résultat du vote sur le Brexit. Il ne s'agit d'ailleurs pas tant de l'immigration externe à l'Europe que celle des 350 000 Polonais qui vivent en Grande-Bretagne. D'énormes mensonges, aussi, ont été avancés et ont influencé le vote des Britanniques. Il faut aussi relever le rôle du sentiment d'identité britannique, qui présente la Grande-Bretagne comme protégeant l'Europe. L'un des slogans de la campagne, “Make Britain Great Again”, en référence à 1940, en témoigne. Ce n'est pas par hasard si Boris Johnson a écrit un livre sur Churchill.

Au cours de ce vote, les jeunes ont largement voté pour le remain, tandis que les plus de 55 ou 60 ans ont opté pour la nostalgie du passé.

Je suis d'accord pour dire que l'article 50 TUE doit être notifié le plus rapidement possible. Quel moyen de pression disposons-nous pour y parvenir ? Comme le disait Madame la Présidente, la probable future Première Ministre, Theresa May, a déjà dit qu'elle allait faire durer le processus. Les Britanniques, même au pied du mur, devraient négocier pied-à-pied. Comment faire, au sein de l'Union européenne, pour faire en sorte que cela aille le plus rapidement possible ?

Les conséquences économiques me semblent être un argument important. Il n'y a rien de pire que l'instabilité en matière économique. Déjà, des entreprises envisagent de déménager. Ces conséquences valent pour le Royaume-Uni mais aussi pour nous, compte-tenu de la forte imbrication de nos économies - il me semble en effet que la France exporte pour 12 milliards d'euros par an pour la Grande-Bretagne.

Troisième question, sentez-vous d'autres tentations de sortie de l'Union européenne ?

Et puis deux autres questions sur le fait, premièrement, que cette sortie puisse être une opportunité pour réformer Schengen. Sur ce point, il ne faut pas aller lentement mais vite, à mon avis, dans la mesure où le symbole de l'immigration a été un argument important pendant la campagne, même si ce n'est pas le même type d'immigration qui est concerné. Il ne faut plus que Schengen soit de simples accords. Il faut, notamment, une direction politique.

Enfin, deuxièmement, la zone euro. Je me souviens, lors de mes cinq visites en Grande Bretagne avant le référendum, que leurs arguments étaient de dire que, maintenant, ils n'avaient plus de réticence sur l'approfondissement de la zone euro. Ce qui les intéressait était de rester dans l'Union européenne. Maintenant que le référendum a été voté, nous avons encore plus de raisons pour aller beaucoup plus vite car, sinon, cela va traîner en longueur et on ne le fera jamais. Je crois, donc, que le Président de la République devrait faire en sorte, comme Mme Elisabeth Guigou l'a écrit, que cette sortie soit une opportunité pour un approfondissement de la zone euro que ce soient pour la politique économique, industrielle, énergétique, pour créer un budget et un président stable de la zone euro, etc…

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