La question de l'enregistrement vidéo a fait polémique, mais elle ne me semble pas essentielle et ne permet pas d'établir que d'autres mesures auraient peut-être permis d'atténuer ou d'éviter les conséquences de l'attentat. La question étant juridique, je fais confiance à la justice : l'enquête établira ou non la légalité de l'intervention de la DCSP, de même que celle de la copie de la bande réalisée à la demande du directeur de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes afin que les bandes puissent être visionnées dès le lendemain des faits par certaines hautes autorités de la République. Vous nous avez indiqué, comme le compte rendu en atteste, qu'il ne vous serait « jamais venu à l'idée » de visionner ces images en raison de l'interdiction légale qui s'applique hors du cadre de l'enquête – mais, au fond, ce point n'est pas essentiel puisqu'il intervient après l'attentat lui-même.
Ce qui importe, c'est de déterminer ce que l'on aurait pu ou dû faire. Qui, cependant, peut avoir la prétention de le savoir ? Le « résultat », avez-vous estimé en employant un terme quelque peu maladroit, aurait été le même avec davantage d'effectifs. Qui peut le dire ? Qui peut dire que l'attentat aurait été évité si les effectifs avaient été beaucoup plus nombreux ? Pour ma part, je ne l'oserai jamais. Inversement, qui peut prétendre que des effectifs supplémentaires n'auraient rien changé ? Peut-être le camion aurait-il pu être intercepté plus tôt si des effectifs avaient été positionnés en amont. Songez que vingt-cinq personnes ont été tuées sur le segment longeant la façade du Palais de la Méditerranée, longue de 80 mètres environ, à la fin du parcours du camion. C'est là que trois policiers nationaux, ayant couru depuis la rue Meyerbeer, sont intervenus avec un courage et un sang-froid extraordinaires, dans des circonstances très difficiles où il fallait éviter tout risque de blesser des témoins et autres intervenants civils. Quoi qu'il en soit, nul ne saurait avoir la prétention d'affirmer qu'un, dix ou cent policiers supplémentaires auraient permis d'éviter l'attentat. La question, toutefois, n'est pas illégitime, et vous comprendrez que nous la posions.
Vous ne m'avez pas répondu sur la question de l'affectation des forces mobiles. Je comprends la nécessité d'affecter des forces mobiles à Carcassonne où 500 000 personnes étaient rassemblées, à Montpellier, Toulouse et Marseille, grandes cités présentant des risques de violences urbaines à cette date. Nice, cinquième ville de France, avait reçu l'affectation de forces mobiles les années précédentes – 37 CRS en 2014 et 60 gendarmes mobiles en 2015. Que se passait-il ce jour-là à Avignon pour que l'arbitrage concernant l'affectation des forces mobiles se fasse en faveur de cette ville et non de Nice ?