Intervention de Huguette Bello

Réunion du 26 septembre 2016 à 16h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHuguette Bello :

Il est vrai que l'illettrisme ne touche pas que les départements d'outre-mer ; la France hexagonale est elle aussi durement touchée. À La Réunion, 116 000 personnes – soit 20 % de la population environ – sont illettrées, et c'est notamment le cas d'un jeune sur sept, sachant que cette part ne diminue pas.

Les causes de ce phénomène majeur tiennent aussi aux conditions d'accueil de la petite enfance. À La Réunion, le taux d'équipement en accueil collectif est de 63 ‰, contre 124 ‰ en métropole – ce qui n'est pas glorieux non plus. C'est pourtant dès la petite enfance, vers deux ans et demi, que tout commence. Françoise Héritier a raison : nous aurons beau parler de tout, nous ne parviendrons à rien si nous n'abordons pas la question de la petite enfance.

Observons les mesures de lutte contre l'illettrisme prises dans le monde. La méthode d'alphabétisation « Yo, sí puedo », primée par l'UNESCO, est expérimentée en Argentine, ailleurs en Amérique latine ainsi qu'en Nouvelle-Zélande – dans vingt-cinq pays en tout. De même, on peut accuser Cuba de nombreux maux, mais la population y est alphabétisée à 99,8 %, et c'est ce pays qui investit le plus dans l'éducation. Nous devons tenir compte de ces exemples. Ne nous contentons pas de simples rapports ; tâchons aussi de nous expliquer le désintérêt que les enfants éprouvent pour l'école.

En soixante-dix années de départementalisation, La Réunion a construit de nombreuses écoles : il n'y avait en 1960 qu'un lycée de jeunes filles et un lycée de garçons, alors qu'il en existe aujourd'hui quarante-sept, et des dizaines d'écoles primaires et maternelles. Pourtant, le taux d'illettrisme demeure élevé – de l'ordre de 23 %. Encore une fois, la France continentale n'échappe pas à ce phénomène. La nation doit se pencher sur ce problème et y apporter des remèdes. J'ajoute que la langue créole est rejetée, et que nos classes de maternelle sont parfois confiées à des enseignants qui ne parlent pas la langue de nos enfants, lesquels sont obligés d'interpréter ce qui leur est dit – et il leur est ensuite reproché de mal parler français. C'est un facteur parmi d'autres. Sur ce problème majeur, nous ne saurions nous contenter de ce texte ; c'est aussi à l'éducation nationale de s'en saisir.

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