Intervention de Catherine Troallic

Réunion du 27 septembre 2016 à 13h45
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Troallic :

Monsieur le président-directeur général, je retiens de votre exposé une absence totale d'humanité : vous nous avez parlé de stratégie industrielle, de compétences, mais vous n'avez à aucun moment évoqué les hommes et les femmes qui travaillent à Belfort.

Le contexte de votre présence est symboliquement fort : l'entreprise que vous dirigez depuis le 1er février dernier a annoncé vouloir transférer les activités du site de Belfort vers celui de Reichshoffen, deux ans après l'entrée du groupe américain General Electric dans le capital de ce fleuron industriel français.

Cette décision, si elle ne débouche pas sur des suppressions d'emplois, ce que nous espérons tous, n'en est pas moins inquiétante. Inquiétante parce que se pose tout d'abord la question de sa pertinence économique pour la ville de Belfort, dont l'essentiel de la vie est organisée autour de la présence d'Alstom. Quand vous parlez de « compétences », je pense aux familles qui vivent notamment grâce à Alstom. Je pense aussi aux nombreux sous-traitants installés dans la ville, qui n'auront pas la chance de vous suivre en Alsace et se retrouveront face à d'immenses difficultés.

Poussant la logique d'écosystème favorable à l'innovation, Belfort avait organisé l'implantation de sites universitaires : l'université de Franche-Comté et l'université de technologie de Belfort-Montbéliard, école d'ingénieur renommée qui a fait de la mécatronique sa spécialité. Pour eux aussi, la délocalisation du site belfortain en Alsace va engendrer des difficultés.

Par ailleurs, le site alsacien n'est, pour l'instant, pas équipé pour recevoir les 400 salariés. Cela signifie-t-il que vous allez engager une série de travaux, évidemment coûteux, afin de l'adapter à sa nouvelle taille ? Cela signifie-t-il aussi que vous allez accompagner la mobilité des ouvriers d'Alstom Belfort ?

Je pose ces questions avec d'autant plus d'insistance que l'idée selon laquelle il incomberait à la SNCF de supporter le coût d'un maintien de l'activité de votre entreprise à Belfort, en passant des commandes qui ne sont pas forcément nécessaires, relève de l'erreur économique. Dans tous les cas de figure, je suis sceptique quant à la pertinence d'une telle délocalisation.

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