Intervention de Bertrand Pancher

Réunion du 28 septembre 2016 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Monsieur le directeur général, vous êtes à la tête d'une très belle agence qui fait la fierté de notre pays, même si elle fait partie d'une multitude d'organismes au sein desquels il n'est pas toujours facile de se retrouver, d'autant qu'ils rendent des avis parfois divergents. Comme le disait Gaston Bachelard, le grand philosophe des sciences, les évolutions scientifiques sont faites de controverses et d'allers-retours. Au cours des dernières années, cette problématique s'est encore complexifiée du fait que l'opinion publique, bénéficiant d'un accès toujours plus rapide et plus large à l'information, est devenue extrêmement réactive.

J'aimerais d'abord vous interroger sur le regard que vous portez sur les évolutions souhaitables de l'expertise en général et de l'ANSES en particulier. En permettant que l'information circule de plus en plus rapidement, les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) contribuent à la montée d'un sentiment de défiance à l'égard de toute nouveauté et à la naissance de nombreuses controverses, s'expliquant notamment par le fait que chacun dispose aujourd'hui de moyens de trouver, facilement et de façon quasi instantanée, une information « en silo » allant dans le sens de ce qu'il pense déjà : l'inconvénient de cette manière de procéder est qu'en se privant de toute information transversale, on se prive également de la possibilité d'enrichir sa pensée en prenant connaissance d'autres points de vue que le sien. Dans ce contexte, il est de plus en plus difficile, y compris pour des organismes de recherche tels que le vôtre, d'être absent des réseaux sociaux. Pouvez-vous nous dire si vous partagez ce constat, et comment vous envisagez l'évolution de vos missions au cours des prochaines années ?

La question des relations avec l'opinion publique se pose également. Récemment, une étude publiée par le professeur Gilles-Éric Séralini sur les OGM a provoqué une vive émotion, pour ne pas dire un traumatisme. À peine les résultats de cette étude, menée par un scientifique honnête avec les moyens qu'il avait pu réunir (Murmures), étaient-ils connus, que des voix se faisaient entendre pour affirmer qu'elle n'était pas valable, car elle se fondait sur des échantillons de rats insuffisants. Selon certains, il aurait fallu disposer de moyens financiers deux ou trois fois plus importants pour avoir une chance de mettre un terme définitif à la controverse portant sur le risque représenté par une alimentation à base d'OGM. Or, ni l'ANSES, ni aucun autre organisme de recherche en France, ne dispose de tels moyens. Alors que l'on consacre des sommes considérables au crédit d'impôt recherche (CIR), ne pensez-vous pas qu'il serait souhaitable d'affecter également des moyens à la conduite d'études pluridisciplinaires de fond, qui permettraient de mettre fin à des controverses scientifiques qui nous empêchent d'avancer ?

Par ailleurs, vous conduisez de plus en plus de projets soumis à concertation avant que ne soit prise la décision finale. Présidant le think tank Décider ensemble, je peux vous dire qu'il y a dix ans, le fait de vouloir promouvoir la concertation dans la prise de décision ne suscitait qu'un mépris amusé, y compris au sein de ma propre formation politique. Aujourd'hui, la concertation se développe, mais il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine, notamment en ce qui concerne les décisions publiques prises au plan national – je pense en particulier aux questions sanitaires. Quel est votre sentiment sur ce point ?

Enfin, estimez-vous qu'il soit souhaitable de mieux travailler avec les organismes d'expertise, notamment afin d'éviter qu'une expertise se trouve presque systématiquement remise en cause par une autre, et pensez-vous qu'il soit possible de répartir au niveau européen les compétences de l'ANSES et de ses homologues européennes ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion