Monsieur Moscovici, vous dites que vous mettez en place une politique de redressement des finances publiques. Non : vous ne faites que poursuivre une telle politique, même si vos objectifs et votre méthode diffèrent de ceux de l'ancienne majorité.
De la même manière, vous allez poursuivre la révision générale des politiques publiques. Mais vous allez réduire la fonction publique de façon drastique dans un certain nombre de secteurs, alors que nous avions décidé de le faire plus modérement sur l'ensemble de la fonction publique. Jusqu'à présent, cela se passait tout à fait correctement. À l'avenir, cela risque d'être très difficile pour le service public, sans permettre pour autant de stabiliser la masse salariale. En effet, pour y parvenir, il faudrait que vous bloquiez l'évolution des carrières, ce qui me semble être un peu compliqué. Je précise que nous avons lancé depuis bien longtemps le débat sur le point d'indice. Nous avons d'ailleurs tranché, considérant que la rémunération des fonctionnaires ne reposait pas uniquement sur le point d'indice, mais sur d'autres éléments. Cela dit, je m'en tiendrai là.
Ce PLFR est très idéologique et très antisarkozyste, ce qui se comprend puisque vous venez d'arriver aux affaires. Vous détricotez les mesures que vous avez combattues, sans les remplacer par d'autres mesures dont les objectifs seraient comparables. C'est vrai s'agissant de la compétitivité, qui doit être au coeur des enjeux de l'évolution de notre pays dans les années qui viennent. Vous considérez qu'il faut maintenant baisser la TVA, alors qu'il faudrait plutôt l'augmenter, comme nous le dit la Cour des comptes. Vous faites le contraire.
En augmentant le forfait social sur l'intéressement et la participation, vous envoyez un drôle de message aux salariés et aux entreprises ! De la même façon, en revenant sur la défiscalisation des heures supplémentaires, vous envoyez un message assez curieux à des millions de salariés ; je pense notamment aux millions de fonctionnaires qui en ont bénéficié, tout particulièrement à ceux de l'éducation nationale.
Vous jetez un voile pudique sur les augmentations de dépenses figurant dans ce PLFR. Vous parlez assez peu des recrutements, du coût du SMIC, de la suppression, un peu étonnante, du forfait de l'aide médicale d'État, etc.
Les classes moyennes seront évidemment les premières visées. Je rejoins sur ce point Laurent Wauquiez.
Quelle a été la « recette » de l'Allemagne ? Cette dernière a augmenté la TVA, que vous allez plutôt baisser. Elle a limité et gelé totalement la progression des dépenses. Vous n'allez probablement pas le faire, dans la mesure où vous ne dites pas comment, ni où. Elle a désindexé les pensions de retraite. Or je ne vous vois pas mener ce type de politique. Vous êtes plutôt partis pour faire le contraire.
Enfin, les avancées obtenues au sommet européen sont comme le pâté d'alouette : 99 % de rigueur et 1 % de croissance.