Intervention de Julien Dive

Réunion du 5 octobre 2016 à 10h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Dive :

L'année dernière, alors que je participais à une course à pied dans un village du Saint-Quentinois, un spectateur a été victime d'un arrêt cardiaque. Il a pu être sauvé grâce à un défibrillateur, installé par le maire dans une salle à proximité du lieu de la course. Ayons conscience que de tels accidents peuvent survenir à n'importe quel moment et toucher n'importe lequel d'entre nous, au domicile, à l'hôpital, dans la rue, aux abords d'une manifestation sportive ou associative, et que chaque minute perdue représente 10 % de chances de survie en moins. Or, dans l'espace public, tout le monde ne sait pas forcément comment réagir face à ce type d'événement, et les outils nécessaires ne sont pas toujours à disposition pour sauver la victime.

Ce sont ainsi 50 000 personnes qui décèdent d'une fibrillation cardiaque chaque année en France, autant de personnes que l'on pourrait sauver si plus de défibrillateurs étaient à disposition dans les lieux publics sur l'ensemble du territoire national, et si un plus grand nombre de personnes savait les utiliser. Le recours à un défibrillateur cardiaque en cas de fibrillation ventriculaire élève le taux de survie à 25 %. La mise en place d'un maillage de défibrillateurs pourrait donc sauver une personne victime d'un arrêt cardiaque sur quatre.

Force est de constater que notre pays est en retard, notamment par rapport aux pays nordiques et anglo-saxons. Comme le rappelle Jean-Pierre Decool, l'expérience d'un tel maillage a été faite aux États-Unis : 26 % des victimes de fibrillation cardiaque, hors domicile, sont désormais sauvées. En France, ce sont seulement 3 à 5 %. Ce n'est pas acceptable !

Installer des défibrillateurs cardiaques dans des lieux tels que les établissements de plus de cinquante salariés ou les équipements commerciaux de plus de 1 000 mètres carrés, c'est permettre à chacun de pouvoir aider son prochain dès que la situation l'exige.

À l'argument du coût que d'aucuns pourraient opposer, je réponds que c'est le prix à payer pour sauver la vie de nombreux Français. Au regard de l'enjeu, le prix d'un défibrillateur n'est pas exagéré – entre 1 000 et 2 000 euros. Et si les dotations des collectivités baissent, si les associations ne peuvent pas toujours suivre, aidons-les avec la réserve parlementaire !

La formation du grand public fait naturellement partie du dispositif, car les Français sont les premiers à pouvoir sauver des vies si les pompiers ou le SAMU arrivent dix minutes après l'accident cardiaque. Les cinq à sept premières minutes sont en effet cruciales. Les personnes ont parfois très peur d'agir, craignant de faire des erreurs. Or il faut toujours intervenir. L'âge moyen d'une victime d'arrêt cardiaque en France est de soixante-cinq ans. L'infarctus est la première cause de mortalité chez les femmes. Dans 70 % des cas, cet arrêt survient au domicile, et dans 70 % des cas également, devant témoin. Moins de 40 % de ces témoins connaissent les gestes de premier secours ; ce sont souvent des professionnels de santé. Deux fois sur trois, donc, le témoin ne sait pas comment intervenir.

Nous ne devons pas voir la présente proposition de loi comme une contrainte, mais bien comme une chance pour chacun.

Étendre la présence de défibrillateurs cardiaques sur le territoire français, améliorer l'information et la formation aux premiers secours, et aggraver les peines pour vandalisme, détérioration ou vol de défibrillateurs sont autant de dispositions qui, je l'espère, permettront au plus grand nombre de nos concitoyens d'être sauvés par les personnes qui les entourent.

Ne gâchons pas l'occasion qui nous est offerte de sauver des vies ! La proposition de loi qui nous est soumise est de bon sens et répond à une urgence. Elle dépasse les clivages partisans, et l'on peut espérer, à ce titre, qu'elle fasse consensus sur les bancs de l'hémicycle. Le groupe Les Républicains la soutient et la votera.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion