Monsieur le ministre, je demeure frappé par le manque d'anticipation dont a fait preuve Alstom ; c'est un gigantesque gâchis, dont se sont rendus coupables les présidents successifs du groupe.
Depuis une bonne vingtaine d'années, l'avenir de cette grande entreprise n'est pas assuré ; dès lors il est assez « gonflé » d'attendre des solutions de la part de l'État. « Gonflés » encore, les propos de M. Patrick Kron, lorsqu'il nous a présenté la vente de la branche énergie d'Alstom comme le moyen de sauver l'ensemble du groupe ! Cette supercherie est maintenant révélée au grand jour.
En outre, les déclarations faites par le PDG d'Alstom la semaine dernière devant la commission ont été incroyables : il nous a expliqué qu'il n'y avait pas d'autres moyens que de se résoudre aux décisions que le groupe avait annoncées au début du mois de septembre pour réduire l'activité du site de Belfort à de la simple maintenance.
C'est oublier que l'effort de recherche et développement, au sein du groupe Alstom, est assez faible, se situant à peine dans la moyenne française. En outre, cet effort est uniquement adossé à des contrats qui, parfois, ne sont pas honorés par les donneurs d'ordre.
Je veux saluer, Monsieur le ministre, les décisions prises, qui permettent de faire la jointure durant ces trois ans où les carnets de commandes étaient faibles, dans l'attente du TGV du futur devant intervenir quelques années après. Au regard de l'état des lieux, vous ne pouviez pas prendre de meilleures décisions. Il me semble toutefois impérieux d'éclaircir l'avenir en matière de politique industrielle. Ainsi, le fret doit-il être redressé, car il est passé de 20 % à 8 %. L'enjeu de la recherche et développement pour l'innovation ne doit pas être négligé.
Cette politique industrielle, vous ne devez pas la conduire seul, mais avec les entreprises et ces capitaines d'industrie qu'il nous revient de trouver dans notre pays.
La conclusion de l'accord portant sur la construction de la centrale nucléaire d'Hinkley Point a fait couler beaucoup d'encre, et inquiète dans l'entreprise comme à l'extérieur. Quelles sont les conditions que vous allez imposer pour lever les doutes ?