Intervention de Jacques Krabal

Réunion du 5 octobre 2016 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Krabal :

Le travail que vous nous présentez ne nous rassure pas. Au fil des auditions, se dessinent les mêmes constats sur le phénomène de métropolisation, mais nous aimerions connaître vos propositions pour que les inégalités territoriales cessent de se creuser.

À mes collègues de l'opposition, je tiens à dire en toute amitié que les difficultés du monde rural ne se résoudront pas d'un coup de baguette magique. Il y a si longtemps que la ruralité est tirée vers le bas. Vous devriez, dans ce domaine comme dans d'autres, être plus modestes.

Ces sujets sont complexes. Le phénomène de métropolisation s'inscrit dans une tendance mondiale. Le recul de la ruralité est aussi la conséquence des discours tenus ces dernières années par un certain nombre d'experts préférant l'équilibre territorial à l'égalité.

Vous n'avez pas prononcé une seule fois le mot de ruralité. La ruralité d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier. Elle gagne des habitants, elle est offensive, en dépit du recul économique de l'agriculture. Il n'y a plus d'exode rural ; le regain démographique doit nous obliger à une réinvention de la ruralité, à travers des éléments très simples. Les infrastructures ont ainsi toujours été des atouts du développement de la ruralité. L'installation du très haut débit, partout dans les meilleurs délais, peut permettre de freiner le déclassement de la ruralité.

Vous n'insistez pas assez sur la nécessité du travail collectif avec les « zones arrière ». Vous parlez de la centralité mais vous ne parlez pas des territoires en arrière, qui recèlent pourtant un potentiel majeur en termes d'aménités devenues indispensables à la vie citadine, donc à la réussite de la métropolisation elle-même. Comment mettre cela en valeur ? Comment améliorer le développement local endogène ? On en parle depuis longtemps mais rien n'est mis en place. Il faut arrêter d'opposer les métropoles au reste. Nous devons construire des territoires équilibrés qui ne correspondent pas nécessairement aux limites administratives des grandes régions qui ont été fixées.

Quelle est votre opinion sur le numéro spécial publié par la fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (IFRAP) en avril 2014, intitulé « Réorganiser la France » dans lequel le XXL est présenté comme la meilleure solution, ce qui suppose de supprimer des communes, des sous-préfectures, et les conseils généraux ?

Permettez-moi de terminer par une citation de la fable « le chat et le renard » de Jean de La Fontaine : « le trop d'expédients peut gâter une affaire. On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire. N'en ayons qu'un mais qu'il soit bon. »

Si vous deviez choisir une seule proposition pour lutter contre les inégalités territoriales, quelle serait-elle ?

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