Monsieur le ministre, je commence par vous remercier de votre honnêteté. Mais l'on ne peut que trouver consternantes certaines phrases que vous venez de prononcer : il a fallu « tirer » pour avoir des informations, avez-vous dit ; vous avez dû insister pour savoir ce que les Américains avaient vraiment négocié. Bref, vous faites – courageusement – le constat que notre pays est tenu à l'écart par nos alliés américains.
Je m'associe à la remarque de François Loncle : il faut effectivement parler de « reprendre » Alep.
Monsieur le ministre, j'émets un voeu pieux : j'aimerais que le Quai d'Orsay fasse preuve du même réalisme politique en Syrie qu'au Gabon. Depuis six ans, nous entendons annoncer l'effondrement du régime syrien ; pourtant, il tient, avec le soutien constant des Russes et des Iraniens. N'est-il donc pas temps de changer de ligne politique, de tenir mieux compte des réalités et de nous montrer plus indépendants ? Si nous sommes en guerre, c'est contre le terrorisme, et non contre le gouvernement syrien, quels que soient ses défauts, dont je suis le premier à reconnaître qu'ils sont énormes. Tirons-en les conséquences.
Vous n'avez pas évoqué la crise ukrainienne, qui a connu cet été de nouveaux développements. J'ai suivi avec attention vos déclarations, où j'ai cru lire un certain agacement sur l'inertie du gouvernement ukrainien. Nous nous accrochons tous à l'espoir des accords de Minsk. Mais, aujourd'hui, si l'on écoute M. Porochenko, ils sont morts ; le gouvernement ukrainien n'a pas la moindre intention de les respecter. Je ne dis pas que les responsabilités des Russes ne soient pas lourdes, car ils auraient pu aider à l'apaisement. Là aussi, allons-nous continuer à brandir les accords de Minsk, qui étaient bons, mais que ni l'une ni l'autre des parties n'ont aujourd'hui l'intention d'appliquer ?