La retenue dont vous faites preuve, monsieur Baroin, est sans doute de meilleur aloi. Mais je ne veux pas m'immiscer dans les affaires d'une autre formation politique…
Je considère que le rapport de la Cour des comptes – que j'ai en haute estime, même si je n'ai pas eu l'occasion de m'y rendre depuis quelque temps – ne constitue ni un satisfecit, ni un réquisitoire. N'en tirons pas non plus, ni les uns ni les autres, des choses qui n'y sont pas. Le fait est que tous ceux qui sont ici connaissent la situation des finances publiques. Et je me garderais, si j'avais été au gouvernement pendant cinq ans, de dire qu'elle est fameuse : nous sommes face à des impasses.
En 2012, je regrette de le dire, peu d'actions ont été enclenchées pour tenter de réduire les déficits. Elles furent en tout cas insuffisantes, ce qui justifie le collectif d'aujourd'hui.
Nous aurons l'occasion de reparler de la croissance avec Pascal Cherki. Mais je veux l'inviter d'ores et déjà à l'optimisme et à la confiance. Nous travaillons sur les cinq prochaines années. Nous pouvons espérer que les hypothèses que nous présentons sont solides et que le chemin de réduction des déficits, qui est en effet incontournable, sera respecté. Je me garderai d'évoquer les autres scénarios, plus pessimistes : ce ne sont ni ceux que je souhaite, ni ceux sur lesquels nous travaillons.
Monsieur Christian Estrosi, nous pourrions avoir un long débat sur la France et l'Allemagne. Mais je ne crois pas que le modèle allemand ait été fondé exclusivement, et même principalement, sur la TVA ; il conviendrait d'ailleurs d'examiner les dégâts qu'il a pu entraîner au niveau social.
Nous cherchons, pour notre part, à doper la compétitivité à la française, ce qui passera par une politique industrielle, sur laquelle nous aurons à débattre. Vous avez évoqué le secteur automobile. La commune de Sochaux faisant partie de ma circonscription, je vois bien ce qui se passe chez PSA. Mais un plan automobile sera mis en place. De la même façon, plusieurs réformes relatives au financement de l'économie – dont la création de la Banque publique d'investissement – sont prévues.
L'observation d'Éric Woerth sur les « 99 % d'austérité et 1 % de croissance » de l'Europe n'a aucun sens. Il est exact que, il y a seulement quelques mois, on ne parlait pas de croissance en Europe. Pour autant, on ne saurait parler de « 99 % d'austérité » quand on injecte dans la croissance européenne 120 milliards d'euros, soit 1 % du PIB de l'Union.
Vous devriez convenir, vous qui êtes plus libéraux que moi, qu'une meilleure stabilité financière assure aux entreprises – auxquelles nous sommes tous attachés – un meilleur climat pour investir et pour embaucher. Pour ma part, j'irai plus loin : je pense que la stabilité financière, telle qu'elle peut découler du Conseil européen, constitue sans doute le principal facteur qui permettra, dans les années qui viennent, d'améliorer la croissance structurelle de l'économie européenne et de mener à bien la résorption des déficits. L'une et l'autre font masse et cette présentation caricaturale ne sert pas à grand-chose.
Telles sont les remarques que je voulais faire.