Intervention de Anne-Christine Lang

Réunion du 5 octobre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Christine Lang :

Je remercie le président et le rapporteur de la mission pour la qualité du travail accompli, sur un sujet dont nous considérons tous qu'il est au coeur de la refondation de l'école.

Je me concentrerai, faute de temps, sur la question de la formation continue, dont il est précisé dans la loi qu'elle est « indispensable pour permettre aux enseignants de rester au contact de la recherche, des avancées de leur discipline, ainsi que des évolutions qui traversent les métiers de l'éducation et la société ».

Or force est de constater que le compte n'y est pas. Le constat que vous faites dans ce rapport est sévère. Vous dites que la formation continue des enseignants est décevante du fait de sa complexité, de ses disparités, de son manque de lisibilité et d'attractivité. Ce qui, du reste, traduit parfaitement le jugement des personnes que nous avons auditionnées, chacun s'accordant à considérer que cet immense chantier est encore largement devant nous et qu'il doit être lancé sans tarder.

Plusieurs pistes évoquées lors de nos auditions, puis reprises dans les préconisations du rapport, me semblent intéressantes. Ces préconisations sont plutôt consensuelles, car l'honnêteté oblige à reconnaître que, pendant des décennies, personne, à droite comme à gauche, n'est réellement parvenu à provoquer des avancées significatives sur ce dossier complexe.

La première piste concerne l'entrée dans le métier et le besoin impérieux d'une formation pratique renforcée pour faire face à des situations parfois difficiles, qui n'ont pas été abordées ni anticipées pendant la formation initiale. À cet égard, comme Yves Durand l'a mentionné, toutes les pistes qui consistent à renforcer la formation entre pairs me semble devoir être explorées, que ce soit à travers le « mentorat » ou en développant l'idée d'établissements formateurs où les plus anciens et les plus expérimentés peuvent conseiller et épauler les plus jeunes, ce qui présente l'immense avantage de renforcer les liens, la solidarité et la cohésion entre les enseignants, qui peinent parfois à travailler en équipe.

La deuxième piste concerne l'offre de formation, actuellement pléthorique et disparate, pour laquelle le rapport suggère, à juste titre, de mieux prendre en compte la demande des enseignants et de mieux adapter l'offre à leurs besoins, ainsi que la délicate question de la formation des formateurs. Nous nous réjouissons que cette dernière question figure désormais parmi les priorités.

Force est de reconnaître également, comme le pointait la Cour des comptes dans un rapport déjà cité, que l'offre des ESPE reste largement à construire dans le domaine de la formation continue, que ce soit dans le domaine strictement disciplinaire ou dans celui de la pratique pédagogique. À cet égard, on constate avec satisfaction que, dans de nombreuses académies – je pense notamment à celle de Grenoble –, des progrès significatifs ont été accomplis pour mieux adosser l'offre à la recherche universitaire, notamment en recherche en éducation et en didactique. L'intérêt suscité par une publication récente du livre de Céline Alvarez prouve, s'il en était besoin, l'intérêt des parents et l'appétence pour introduire dans l'enseignement les apports des pédagogies innovantes ou alternatives.

Faute de temps, je ne pourrai pas évoquer la question de la formation des formateurs au sein de l'enseignement professionnel, qui est pourtant cruciale et insuffisamment pensée.

Il est regrettable que les enseignants français se forment très peu, en tout cas beaucoup moins que leurs collègues des autres pays de l'OCDE. Étant donné les conséquences que cela peut avoir sur la réussite des élèves, il me semble que c'est un sujet de réflexion prioritaire pour les années à venir.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion