Intervention de Hervé Féron

Réunion du 5 octobre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Féron :

Je vous félicite pour ce travail, monsieur le président, monsieur le rapporteur. C'est une des contributions majeures du quinquennat dont nous pouvons être fiers.

La formation des enseignants est indispensable à la refondation de l'école de la République. Enseigner est un métier qui ne s'improvise pas, mais qui s'apprend et se perfectionne tout au long de la vie.

Nous avons été nombreux, ici, à regretter la décision prise en 2010, sous la précédente législature, de supprimer l'année de stage à l'IUFM, pourtant indispensable avant d'entrer dans la carrière, pour de jeunes professeurs qui se sont ainsi retrouvés « projetés » dans une classe, avec des élèves devant lesquels ils ne savaient pas comment se comporter.

Si l'on ne peut que se réjouir du regain d'attractivité que nous avons constaté avec l'augmentation du nombre de candidats aux concours de l'Éducation nationale, il reste des questions à clarifier, concernant les ESPE, dont la majorité sont récapitulées dans votre rapport. Cela dit, quelles que soient les mesures que l'on met en place, je suis persuadé que l'attractivité du métier d'enseignant passera forcément par une meilleure rémunération.

C'est d'autant plus vrai que cinq années d'études sont désormais nécessaires pour exercer un métier auparavant accessible avec une simple licence, pour des professionnels qui restent parmi les plus mal payés d'Europe. Or s'il faut être passionné pour exercer le métier d'enseignant, cela ne suffira pas, sans compensation financière, à attirer les talents.

Concernant les moyens d'attirer les talents, j'ai trouvé particulièrement intéressante la proposition 19 visant à libérer le master de la césure du concours. Cela m'a fait penser aux sessions exceptionnelles organisées pour le CAPES, il y a quelques années, avec de nombreux postes ouverts, notamment en français, en anglais et en mathématiques. C'était une bonne idée, qui a permis à des jeunes diplômés, pas forcément préparés aux spécificités de l'enseignement en classe, de se former sur le tas pendant un an avant de passer les oraux.

Enfin, je voudrais faire observer qu'il n'est question, à aucun endroit du rapport, d'éducation artistique et culturelle.

J'effectue actuellement un rapport sur la place de la musique en France, concernant notamment les jeunes artistes créateurs. Les personnes que j'ai rencontrées m'ont convaincu de la dimension essentielle de cet aspect de l'éducation, qui devrait constituer une matière à part entière, comme le français ou les langues. Des initiatives telles que « L'Orchestre à l'école » prouvent que la musique est bien plus qu'un esthétisme et qu'elle amène les jeunes, y compris et peut-être surtout les plus mal intégrés, à sortir de leur isolement, à se respecter, à se comprendre par la maîtrise d'une discipline. Or l'éducation artistique et musicale, qui était bien présente dans les écoles normales, s'est amoindrie dans les IUFM et est aujourd'hui totalement absente dans les ESPE.

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