Je constate que nous sommes confrontés à la traditionnelle injonction paradoxale : l'audiovisuel public est soumis à des exigences toujours plus élevées alors qu'on cherche à lui allouer toujours moins de moyens. Ce n'est pas sans rappeler la poste en milieu rural !
Ce COM peut apparaître comme insatisfaisant. Conformément aux préconisations du rapport Schwartz, le nombre d'indicateurs a été réduit mais peut-être faudrait-il viser un juste milieu entre le trop et le pas assez. Dans mon rapport, je suggère d'introduire des indicateurs supplémentaires pour évaluer des objectifs importants.
L'absence d'une chaîne publique d'information en continu constituait une anomalie dans notre pays : il était important de mettre en avant une information s'adressant plus à la raison qu'aux pulsions et à la passion. La création de Franceinfo a obéi à la logique de mise en cohérence des moyens publics que beaucoup appellent de leur voeu, même si elle s'est heurtée à quelques difficultés, bien légitimes compte tenu du défi que constituait la rencontre entre deux métiers différents. Il faut souligner que cette chaîne n'est pas directement concurrente de chaînes comme BFM-TV puisqu'elle est appelée à être regardée sur différents supports médiatiques : outre la télévision, l'ordinateur, la tablette, le smartphone. C'est la raison pour laquelle je souhaiterais que l'on dispose de mesures d'audience pour ces divers modes de visionnage. On reproche souvent au service public sa lourdeur et son incapacité à se réformer : la création en sept mois de cette chaîne ne peut que faire mon admiration et je tire mon chapeau à tous ceux et toutes celles qui y ont contribué.
S'agissant de France 3, j'aurais souhaité, à la suite de Stéphane Travert, une inversion de son organisation, à savoir une chaîne régionale avec des décrochages nationaux. Les rédactions locales constituent un vivier d'informations et de professionnels qui peuvent apporter autre chose au niveau national. Les antennes locales de Radio France sont le parfait exemple de la réussite d'une information d'hyper-proximité. Je le vois avec le travail qu'accomplit France Bleu Roussillon dans mon département. Il serait intéressant que France 3 s'inspire de ce modèle.
Autre source de préoccupation : 40 % des téléspectateurs ne reçoivent pas les éditions locales de France 3, en l'absence de diffusion sur les boxes. Si France Télévisions n'investit pas entre deux et quatre millions d'euros dans l'amélioration de la diffusion, les éditions locales ne pourront survivre. Leur public vieillit, nous le savons, et n'est pas enclin à envisager un autre mode de visionnage. Dans mon rapport, je pose une question très politique : devons-nous laisser au privé l'information locale de très grande proximité ? Je vois dans ma région oeuvrer une télévision privée spécialisée dans l'information de proximité après avoir obtenu l'autorisation de diffuser sur un bassin restreint. France 3 doit s'emparer de cet enjeu. S'agissant de l'offre régionale, il manque un véritable projet d'entreprise.
Je n'ai pas de réponse à tout. Il y a des lacunes évidentes dans le COM, qu'il s'agisse du sport, de la culture ou de la musique.
Pour ce qui est de l'accessibilité, je reprends les préconisations du CSA. Le COM ne contient ni objectifs ambitieux ni indicateurs permettant de savoir si les objectifs ont été atteints. Je le déplore dans mon rapport.
Plusieurs d'entre vous sont revenus sur la précarité : contrairement au COM précédent, le projet actuel ne contient pas d'indicateurs permettant de la mesurer. J'estime que le groupe doit rendre compte dans son rapport d'exécution de l'évolution des emplois précaires. C'est une conséquence de la décision de réduire le nombre d'indicateurs. Je le regrette.
S'agissant des audiences de France 2, on attendait du groupe un renouvellement des programmes, qui a bien eu lieu. Peut-être aurait-il été préférable de procéder de manière plus progressive. Je fais tout de même confiance au groupe pour assurer un rééquilibrage avec des programmes qui atteignent des niveaux d'audience satisfaisants pour une chaîne publique.
À la suite de l'accord sur la production, il va falloir que France Télévisions se dote de compétences en interne pour pouvoir pleinement mobiliser la part dépendante de sa production. On ne peut d'ailleurs que déplorer, de façon plus générale, qu'il n'y ait pas de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
Parmi les points positifs, je retiens l'accent mis sur la création, le lancement de la chaîne d'information en continu, la clarification de l'identité des chaînes. Parmi les points négatifs, je souligne la situation faite à France 3. Au total, j'estime que ce COM sera utile car il marque un changement d'orientation. Il devra toutefois répondre à certaines recommandations que je formule dans le rapport.