Intervention de Sophie Dessus

Séance en hémicycle du 3 février 2013 à 15h00
Projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe — Rappels au règlement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Dessus :

Mardi, j'ai entendu Mme la garde des sceaux, j'ai écouté ses mots ciselés comme des diamants, tranchants comme la justice, et chargés d'émotion (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), et je les ai compris.

J'ai également écouté les inquiétudes de l'opposition, son mal-être, son angoisse de voir bouleverser tous ses repères judéo-chrétiens. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Si j'entends les propos de nos collègues de droite, je ne peux les comprendre, parce qu'ils oublient une partie de notre histoire – l'histoire des plus faibles, ceux qui, sans la loi, n'auraient aucun droit.

N'oubliez pas qu'il a fallu un général de Gaulle pour que le deuxième sexe soit autorisé à mettre un bulletin dans l'urne. (« Laissez le général de Gaulle tranquille ! » sur les bancs du groupe UMP.) N'oubliez pas qu'il a fallu une Simone Veil pour que les femmes puissent aimer sans enfanter. N'oubliez pas qu'il a fallu un Robert Badinter pour que l'on démonte la guillotine. Aujourd'hui, il y a une Christiane Taubira pour que les homosexuels deviennent des personnes ayant les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres, ni plus ni moins, tout simplement parce que le mariage du xxie siècle ne peut être celui des siècles précédents.

Le mariage a autrefois constitué une protection patriarcale de l'épouse, qui avait le devoir de s'occuper de son foyer. Il a également permis une reconnaissance de l'enfant naturel au détriment de l'enfant adultérin – vous nous expliquerez quelle était, alors, la définition de l'intérêt de l'enfant. Aujourd'hui, s'il veut avoir un avenir, le mariage doit s'adapter aux réalités de notre temps, notamment au fait que, de nos jours, être homosexuel n'est plus un crime ni une maladie : c'est normal. (« Cela fait déjà un moment ! sur les bancs du groupe UMP.) L'anormal, c'est notre regard quand il se permet de juger les orientations sexuelles d'autrui. Seule la loi permettra d'ouvrir les yeux de ceux qui ne veulent pas voir, seule la loi protégera les enfants, tous les enfants, quelle que soit la famille dans laquelle ils sont élevés.

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