Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 27 septembre 2016 à 16h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, Présidente de la Commission :

Je fais mienne cette interrogation. Les choix faits à Bratislava sont peu éloquents, même quand il s'agit de sécurité : si les gouvernements sont pleinement conscients de l'enjeu que représentent les frontières extérieures de l'Union, le sujet n'est pas la préoccupation première des citoyens européens. A-t-on suffisamment pris conscience, à Bratislava, de l'opposition entre la population et les élites que traduit le vote en faveur du Brexit ? On aura noté le petit signal donné par Mme Theresa May à sa base : brusquement, il est question au Royaume-Uni d'un plan pour l'école publique. Autrement dit, la nouvelle première ministre fait savoir qu'elle s'intéresse aux questions sociales. Ce qui a été décidé à Bratislava en cette matière suffira-t-il ?

A-t-on analysé les raisons pour lesquelles le dispositif de réinstallation des migrants ne fonctionne pas ? La Commission a, comme il était normal et généreux, proposé que les pays de l'Union partagent la charge que représente l'afflux brutal de réfugiés fuyant des guerres. Les migrations par l'Égypte et la Lybie sont tout aussi denses que celles qui empruntaient précédemment d'autres voies ; l'afflux va donc se poursuivre, surtout si la Turquie utilise les mouvements migratoires comme moyen de chantage pour obtenir de l'Union la levée de l'obligation de visa pour ses ressortissants. Peut-on imaginer un mécanisme auquel les États seraient plus favorables, qu'il s'agisse de l'accueil des réfugiés qui forment l'immense majorité des arrivants ou de l'accueil des migrants économiques et climatiques qui fuient la pauvreté et la désertification des terres ? Ces derniers, considérant que leurs chances de trouver du travail sont meilleures en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Suède, ne veulent aller vivre ni dans les pays de l'Est de l'Union ni en France ; pourtant, leur arrivée est instrumentalisée à des fins nationalistes, sinon à d'autres.

Se pose aussi la question des cercles constitués entre pays membres et du format des réunions au sein de l'Union. La configuration correcte est celle des Vingt-Huit ou, maintenant, des Vingt-Sept. Les autorités des États devenus membres de l'Union le plus récemment nous ont dit de manière répétée leur amertume d'avoir vu, au lendemain du Brexit, les pays fondateurs se réunir seuls. Ils constatent aussi la tenue de réunions des pays du groupe de Višegrad ou d'autres groupes, tel celui des pays Baltes. Ils se sentent exclus de ces discussions à configurations variables qui ne portent pas sur des projets mais concernent des intérêts spécifiques et qui ont pour effet de détricoter l'Union. Que le sommet de Bratislava ait eu lieu à Vingt-Sept est, pour cette raison, un signal important. Les réunions des pays membres de la zone euro, que ces États ont vocation à rejoindre dans les meilleures conditions, sont quant à elles compréhensibles.

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