Mon collègue Laurent Degallaix, empêché, m'a chargé de vous lire son intervention.
Je remercie tout d'abord nos deux rapporteurs pour l'éclairage qu'ils nous ont apporté sur la recherche et l'enseignement supérieur.
Le groupe Union des démocrates et indépendants partage l'inquiétude du rapporteur concernant le budget de la recherche. Si la hausse globale est un geste attendu, la politique du Gouvernement à l'égard de la recherche demeure particulièrement ambivalente. Ce projet de budget traduit bien la tension qui existe entre la nécessité de maintenir les crédits de la recherche à un niveau cohérent avec les ambitions de notre pays et la réduction du déficit public.
La hausse des crédits ne permet pas de faire oublier le bilan du Gouvernement en matière de recherche depuis 2012. En mai dernier, sans la tribune de huit chercheurs, dont cinq prix Nobel, dénonçant un « suicide scientifique et industriel » de la part du Gouvernement, des annulations de crédits auraient sensiblement affecté les programmes de recherche scientifique – 134 millions d'euros d'annulations de crédits étaient, en effet, prévues dans le projet de décret pour les budgets du CNRS, du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria).
Les critiques récurrentes pointant la dégradation des moyens humains et financiers des laboratoires nous appellent également à la plus grande vigilance.
Les effectifs de soutien à la recherche – ingénieurs d'études, techniciens, administratifs – baissent, dans le secteur public, de 0,2 % par an depuis 2009 et le vivier de chercheurs s'étiole. Le nombre de doctorants français a baissé de plus de 10 % depuis 2007. Même le flux de chercheurs étrangers – 42 % des doctorants – s'est tari depuis 2009. Le quinquennat de François Hollande n'a pas interrompu l'aggravation de la précarité dans l'enseignement supérieur et la recherche.
Par ailleurs, la massification de l'enseignement supérieur est particulièrement marquée en France, et la démocratisation de l'accès aux études supérieures n'est pas sans poser des défis, voire des problèmes, pour garantir aux étudiants, en particulier ceux issus des catégories sociales modestes, des conditions d'études équitables et satisfaisantes.
L'examen par la rapporteure des dispositifs de bourses est un choix assez audacieux, quand on remarque que cette même majorité a été fort tentée de supprimer les bourses au mérite, principe pourtant cher à la République française. Fort heureusement, grâce à la mobilisation d'un certain nombre de parlementaires, et notamment de notre groupe, cette aide a été maintenue, même si l'on peut déplorer que son montant ait été divisé par deux.
Alors que près de 70 % des étudiants travaillent pour financer tout ou partie de leurs études, soit 10 % de plus que la génération précédente, quelles pourraient être les priorités pour mieux accompagner la scolarité des étudiants les plus précaires financièrement ?