Madame Hobert, le diabète devrait être consacré « grande cause nationale ». Cette maladie profiterait ainsi d'un éclairage susceptible d'inciter davantage de patients à entrer dans des cohortes d'études et d'observation cliniques. Un financement sur le long terme inciterait également les personnes à y venir naturellement. Aujourd'hui, par exemple, l'absence d'un financement total du plan Alzheimer risque de dissuader les patients suivis d'entrer dans une démarche de long terme. C'est faire preuve de respect envers ces personnes que de mettre en place un tel financement ; on les assure ainsi d'une reconnaissance en « valorisant » leur maladie.
Le médecin généraliste peut faire office de passerelle avec le monde de la recherche. Aujourd'hui, tous les chercheurs soulignent la nécessité d'améliorer le stock de connaissances grâce à l'approche que le médecin généraliste a de la maladie. Beaucoup reste encore à faire pour qu'il y ait une véritable reconnaissance, du moins un abandon de la stigmatisation des patients atteints de diabète.
Madame Faure, monsieur Premat, bien sûr, j'aurais pu choisir une autre thème pour mon rapport. Mais c'est tout l'intérêt de l'exercice – et il faut saluer le président de la Commission pour cela – que de nous permettre de débattre très librement, sans tabous ni complexes de sujets choisis par les rapporteurs.
La recherche est un vivier d'emplois qu'il est indispensable d'identifier le plus en amont possible. Grâce aux auditions, j'ai pu identifier la piste des bio-informaticiens. J'insiste sur la nécessité que les régions et les grandes métropoles travaillent sur ces segments, parce qu'elles sont bien situées. Lorsqu'elles sont proches des campus et très impliquées dans l'organisation de l'université et la recherche universitaire, elles sont les bons interlocuteurs pour mettre en place une véritable filière. En matière d'emplois, il y a des niches. J'ai été stupéfait de constater à quel point le big data et le fait de faire mouliner toutes les données informatiques pouvait constituer aujourd'hui une source pour la recherche fondamentale. Le stéthoscope n'est plus le seul outil et s'il reste extrêmement important, de nos jours, l'informaticien apporte une richesse absolument incroyable à la recherche médicale. Il faut donc valoriser la filière de la bio-informatique et faire en sorte qu'elle puisse structurer la recherche médicale plus qu'elle ne le fait aujourd'hui.
Madame Nachury, il en est des lourdeurs administratives dans la recherche comme dans l'économie, où le petit entrepreneur local peine à se rapprocher de la procédure d'achat publique. Cela fait référence à la même logique, c'est-à-dire une ingénierie souvent trop lourde qui éloigne le chercheur de son domaine fondamental. On devrait pouvoir l'en exonérer. N'oublions pas non plus que les agendas de l'Europe et de la France ne sont pas toujours les mêmes. Certains laboratoires ont embauché des biologistes uniquement pour aller chercher les subventions et monter les dossiers.
J'ai tendance, quand je parle d'économie, à citer deux approches. Quand une famille américaine aborde une aire de jeux, les parents disent à leur enfant : « Enjoy ! - Fais-toi plaisir ! » ; en France, les parents disent : « Fais attention ! ». Ce que les chercheurs attendent, tout en conservant une éthique faisant rempart contre des évolutions hasardeuses, c'est qu'on passe de la précaution à la responsabilité. Faisons confiance à nos chercheurs et ne perdons pas de temps ! La lourdeur des procédures constitue un frein, et les autres pays avancent beaucoup plus vite que nous. Il faut supprimer tous les boulets qui nuisent à l'avancée de la recherche française.
Le nombre de statuts différents pose aussi problème. Le patron d'une grande unité de recherche évoquait deux ou trois statuts différents de fonctionnaires ou de cadres. D'où, pour la directrice des ressources humaines, des difficultés de gestion incommensurables, tout le monde n'étant pas logé à la même enseigne. Il est donc nécessaire d'unifier, de donner davantage de fluidité en la matière.
Monsieur Premat, je me suis focalisé sur la maladie d'Alzheimer et le diabète, d'abord parce que nous avons en France des laboratoires d'excellence. C'était intéressant de discuter avec leurs représentants pour avoir leur expertise et leur avis sur la question. Les chercheurs sont venus de bonne grâce. Le patron de l'Inserm a même reporté un déplacement au Japon pour parler devant la représentation nationale, ce qui montre l'intérêt porté à nos travaux.
En outre, en me limitant à ces deux pathologies, j'ai pu creuser plus profondément que si je m'étais éparpillé sur de nombreux sujets. Bien sûr, j'aurais pu aussi m'intéresser au cancer pédiatrique. En tout cas, la focale que j'ai choisie m'a permis d'extraire l'essentiel de mes sujets. J'ai ainsi mis au jour des niches d'emploi qu'il faut exploiter à fond, souligné l'importance du mode de gouvernance, au niveau tant de la structuration de l'ingénierie que de l'organisation gouvernementale pour assurer efficacité et réussite, et également constaté qu'éclairer une maladie particulière à travers un plan permet d'apporter des sources supplémentaires de valorisation ainsi que la reconnaissance des personnes atteintes. En l'espèce, des progrès restent à faire pour les patients atteints de diabète.