Intervention de Laurent Collet-Billon

Réunion du 12 octobre 2016 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Laurent Collet-Billon, délégué général pour l'armement :

La réponse traditionnelle, quand l'industriel n'est pas à la hauteur, c'est d'essayer de former un des ateliers industriels de l'aéronautique (AIA) à l'entretien de l'appareil. Il se trouve que les performances des ateliers sont variables. Par exemple, l'AIA de Bordeaux est très performante et nous pensons que cet AIA aura une activité de soutien de moteurs d'avions exportés. Les AIA de Clermont-Ferrand et de Bretagne fonctionnent très bien également.

La question de fond, dans l'entretien du matériel, est toujours la même : au bout de combien de temps l'industriel se désintéresse-t-il d'un matériel qui n'est plus fabriqué ? En l'occurrence, pour le MCO des hélicoptères, l'industriel semble s'être déjà désintéressé du produit, comme le montre sa performance insuffisante, et il faut anticiper autre chose. Cette difficulté a été aggravée par la structure même de NHI. Il y a certainement beaucoup de progrès à faire dans le MCO des hélicoptères. Un groupe de travail tripartite a été créé, avec le général de Villiers, moi-même et l'industriel, pour essayer d'améliorer la situation d'une manière générale. J'ai livré soixante Tigre. Sur ce nombre, une dizaine est en chantier de transformation de standard, les autres sont disponibles.

J'ai indiqué, Monsieur Lellouche, qu'il pourrait y avoir 3,2 milliards de reports de charge à la fin de l'année si aucun crédit n'était dégagé. La mécanique est connue : la réserve va être libérée pour être reversée dans la réserve interministérielle, qui ressortira un milliard pour le surcoût OPEX. La question, pour nous, c'est de savoir à combien nous aurons droit. Nous ne souhaitons pas des reports de charge supérieurs à 1,8 ou deux milliards, compte tenu des perspectives actuelles de la loi de programmation, de manière à être certains de pouvoir respecter les 2,8 milliards indiqués comme la condition de bonne exécution de la LPM à la fin de 2019. Le gel est une décision de gestion de Bercy. L'enjeu à présent, pour nous, est d'obtenir la libération de ces crédits.

Personne n'a demandé que le Reaper soit armé ; ce débat n'a pas encore eu lieu. Techniquement, il peut l'être.

Comme vous, Madame Bruneau, je me félicite du respect absolu des 730 millions d'euros en moyenne. Nous suivons la situation de l'ONERA très attentivement. Le problème de l'enfoncement de la soufflerie dans le sol a été un peu long à régler, mais c'est parce que nous avons demandé des expertises complémentaires sur la profondeur des travaux nécessaires, ne souhaitant pas devoir y revenir à deux fois. Un COP a été établi sur la situation financière de l'ONERA. La subvention est de 105 millions d'euros en 2017, comme en 2016. Nous invitons l'ONERA à participer de plus en plus à des contrats avec la DGA, sur des études amont ou en collaboration avec des industriels. C'est là son avenir car la situation qu'a trouvée Bruno Sainjon à son arrivée, c'est celle d'un déficit de confiance total de l'industrie envers l'ONERA. Nous l'aiderons. La difficulté est bien le transfert des emprises de Châtillon et de Meudon. L'opération est financièrement très importante et c'est pourquoi il faut trouver des ressources adéquates. Nous tenons à l'ONERA, dont l'apport à la capacité nucléaire aéroportée est très important.

Monsieur Rousset, nous avons environ 4 000 PME dans notre portefeuille et nous en suivons quelque 400 de manière particulièrement étroite car nous estimons qu'elles disposent de savoir-faire pratiques et techniques indispensables à notre base industrielle et technologique de défense (BITD). La DGA dispose d'un département technique composants et matériaux qui surveille ce qu'il se passe dans ces domaines de manière précise. Les composants programmables viennent tous de Californie ou de Taïwan. Nous sommes en train de réfléchir à la façon de réimplanter une chaîne de ce niveau-là en France chez STMicroelectronics. Nous faisons du développement de composants via Thales par exemple, sur le radar aéroporté, et je vous invite à cet égard à visiter son site d'Élancourt. Ces composants sont validés en simulation sur les moyens de calcul intensif du CEA. Au moins dans le monde de la défense, nous n'avons pas du tout lâché la technologie de base, je vous assure. Nous continuons d'avoir des experts en termes de matériaux : par exemple DGA Techniques aéronautiques à Toulouse est très souvent sollicité en cas de crashs aériens pour expertiser les débris et déterminer l'origine des ruptures.

Mme Fioraso connaît toutes les réponses aux questions qu'elle a posées… Un industriel a décidé de réaliser le post-Pléiades sur fonds propres, avec le niveau de performance qu'elle a mentionné, et je pense même qu'il ira au-delà. Cela pose un certain nombre de questions. Quelle attitude tenir vis-à-vis de l'autre industriel ? L'équité d'accès au marché imposerait, fondamentalement, que nous ne fassions rien. Quelle est la garantie de la part d'Airbus que la technologie restera de manière pérenne en France ? Quels sont les composants utilisés ? Quels sont les miroirs utilisés ? Tout cela est suivi avec une grande attention.

Vous avez, Madame, également évoqué les autres composantes spatiales. CERES doit être lancé en 2020 ou 2021. Nous aurons accès à du renseignement d'origine électromagnétique fondamental pour nos forces armées et pour la dissuasion. En ce qui concerne les satellites, CSO nous cause quelques soucis, en termes de réalisation, mais ce sont des objets technologiques extraordinaires. Je vous invite à vous rendre à Cannes pour vous faire présenter le télescope.

Dans le cadre des 2 %, la réalisation d'une capacité d'alerte avancée ne poserait aucun problème. En matière de défense antibalistique, on ne prévoit rien pour le moment au-delà du missile Aster block 1 NT. Mais dans l'absolu, on aurait besoin de détection lointaine, c'est-à-dire de détection spatiale en orbite géostationnaire. Les démonstrateurs nous ont montré que nous avions toutes les technologies voulues et que nous les maîtrisons parfaitement. Il n'y a plus qu'à y aller. Nous sommes partants.

La première livraison de Griffon, Monsieur Audibert Troin, est pour 2018, avec trois exemplaires, et la première capacité opérationnelle est pour 2021. Entre-temps auront lieu les évaluations techniques par la DGA, l'évaluation de la section technique de l'armée de terre (STAT), la montée en puissance et la formation des équipages. Tout cela prend du temps mais, je le répète, ne doit pas être galvaudé. Nous avons failli avoir le problème sur le FELIN, où nous n'avions pas suffisamment pris en compte la transformation de la mentalité des soldats, et le système a failli être laissé dans les placards. Le marché actuel va jusqu'à 2025, avec des tranches optionnelles. Cette affaire est à mesurer avant tout à l'aune de la disponibilité actuelle des matériels de l'armée de terre ; il ne faut pas chercher d'autre critère, afin de ne pas faire d'erreur. Pour le Griffon, nous avons 780 véhicules prévus en étape 1 et mille en étape 2. Inverser les volumes entre ces deux étapes produirait une accélération de presque 30 % du rythme de livraison.

S'agissant des VAB en Afrique, il y a au moins un véhicule qui fonctionne parfaitement bien, dont nous avons des retours très positifs de la part des utilisateurs, c'est le VBCI.

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