Intervention de Amiral Christophe Prazuck

Réunion du 12 octobre 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la marine :

Notre objectif est bien de disposer de quinze frégates de premier rang, objectif qu'il faut mettre en regard de celui des Britanniques, qui en envisagent dix-neuf. Nous nous situons donc dans un ordre de grandeur équivalent à celui des marines comparables à la nôtre.

Je n'ai pas d'inquiétude sur les capacités opérationnelles des FTI. Les résultats du travail en plateau réalisé avec les industriels sous l'égide de la Direction générale de l'armement (DGA) ont été présentés lors de l'université d'été de la défense. Il s'agissait d'arrêter le meilleur compromis concernant ces bâtiments de premier rang, qui auront des capacités de lutte sous la mer aussi remarquables que celles des FREMM d'aujourd'hui et pourront s'insérer dans les forces internationales et les coalitions.

Les six FREMM anti sous-marines (ASM), les deux FREMM à capacités de défense aérienne, les FDA et les FTI composent, si j'en juge par les performances opérationnelles que nous observons et par les résultats des travaux en plateau faits avec les industriels, un ensemble prometteur et cohérent, d'où il ressort qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter.

Monsieur Vitel, en ce qui concerne la surveillance de nos espaces maritimes, le Livre blanc prévoit que les premières livraisons du programme BATSIMAR s'effectueront à partir de 2023-2024. Or, le suivi technique des bâtiments en service fait en effet craindre que certaines de nos capacités soient temporairement hors service. Je partage donc votre idée qu'il est essentiel que nous accélérions la cadence.

En ce qui concerne les Atlantique 2, il est vrai que leur entretien dans le cadre du maintien en condition opérationnelle (MCO), est beaucoup plus long que prévu. Par ailleurs, leur rénovation, dans la perspective de les doter d'un nouveau système de combat et d'un nouveau système acoustique a pris un peu de retard, ce qui s'explique par le fait qu'il s'agit d'une rénovation assez ambitieuse, qui fait intervenir plusieurs industriels sous la maîtrise d'oeuvre de Dassault. C'est la conjonction de ces deux phénomènes qui peut poser problème et réduire notre parc, au moment où la rénovation battra son plein. Chacun est conscient de ce risque et des efforts d'organisation nécessaires pour conserver en ligne suffisamment d'avions opérationnels et éviter d'avoir à basculer un avion d'une mission sur une autre, comme cela est arrivé ces derniers mois, avec le rapatriement d'avions depuis le Sahel vers l'Atlantique, pour renforcer notre posture de lutte sous la mer.

Notre porte-avions en est à son troisième déploiement en deux ans pour frapper Daech. Il n'est évidemment pas seul sur zone, et nos camarades de l'armée de l'air sont en permanence à pied d'oeuvre sur ce théâtre d'opérations. Néanmoins, chaque fois qu'il est déployé, il permet un effort accru. Par ailleurs, son déploiement permet d'agréger les forces européennes, dans la mesure où il n'est jamais sorti seul, mais toujours accompagné de frégates allemandes, britanniques, belges ou américaines. Il a donc un rôle d'entraînement auprès de nos partenaires et alliés.

Malgré l'arrêt pour entretien du Charles-de-Gaulle pendant dix-huit mois, nous conserverons néanmoins des moyens d'action, même si ce ne sont évidemment pas ceux d'un porte-avions. Nous avons par exemple participé à l'opération Harmattan en Libye, en déployant sur le terrain les hélicoptères de combat de l'armée de terre à partir d'un bâtiment de projection et de commandement (BPC), à l'image de ce que font actuellement les Américains au large de la Libye avec leurs unités amphibies. Par ailleurs, la mise en service des nouveaux missiles de croisière va également nous permettre de frapper depuis nos unités prépositionnées en mer.

Quant à la permanence à la mer de la force aéronavale, c'est tout le débat des mois à venir, étant entendu que la question du remplacement du Charles-de-Gaulle à l'horizon 2040 ne tardera pas en effet à se poser.

Enfin, Monsieur Vitel, pour ce qui concerne les IPER des Barracuda, le ministre, à ma connaissance, n'a pas encore pris sa décision.

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