Intervention de Amiral Christophe Prazuck

Réunion du 12 octobre 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la marine :

À propos de l'innovation, vous avez cité James Bond, Monsieur le député, mais Fantômas, sous les traits de Jean Marais, volait déjà en Alouette , un hélicoptère toujours en service dans la marine ! (Sourires.)

Le Zumwalt – le destroyer que vous avez vu – suppose des moyens qui ne sont pas du tout à notre portée. Il est assurément très impressionnant, mais je suis impatient de voir ce bateau très puissant s'intégrer dans une force navale et être employé.. Entre l'arrivée d'un bateau et la définition d'un concept d'emploi fluide, il peut se passer quelques années.

DNCS avait inventé la frégate furtive – la fameuse FLF ; notre oeil est aujourd'hui habitué à son design et à ses formes. Aujourd'hui, la performance des systèmes embarqués sur la FREMM, que l'on pourrait supposer peu innovants tout simplement parce que l'on ne les voit pas, est exceptionnelle. Les résultats que nous en obtenons en opération et en exercice stupéfient tous nos partenaires. Moins visible, cette innovation dans les équipements n'en est pas moins réelle. Les missiles, avec MBDA, et l'ensemble des technologies mises au service de la dissuasion sont tout à fait hors normes.

Les questions d'innovation qui se poseront au cours des années à venir concerneront les drones – navals pour la guerre des mines, aériens pour étendre la fauchée de nos bateaux lorsqu'ils patrouillent dans des zones économiques, voire plus loin – et la cybersécurité.

Monsieur Folliot, je me réjouis des échos positifs que vous avez eus en Égypte, qu'il s'agisse de la marine ou de DCNS. Je constate effectivement la grande fierté des Égyptiens et leur vif désir d'intensifier leur collaboration avec nous, en poursuivant l'entraînement après une première phase de formation.

Quant à Trimaran, il s'agit d'un moyen de surveillance complémentaire : il n'existe pas de baguette magique dans ce domaine. Si la couverture est nuageuse et qu'aucun satellite ne permet de voir ce qui se passe, on ne verra rien ! Il convient donc de rechercher l'équilibre entre les différents moyens d'information, mais aussi entre savoir et pouvoir : on peut tout savoir, encore faut-il agir ensuite. De même, puisque les moyens d'action seront toujours comptés, on ne portera qu'un coup d'épée dans l'eau si on les utilise sans les orienter dans la bonne direction.

Je le répète, le format global d'une frégate, un B2M et deux patrouilleurs par département ou territoire d'outre-mer, mis en oeuvre depuis plusieurs décennies, me paraît cohérent.

Au demeurant, le premier système de combat d'un patrouilleur, c'est son pavillon français. Celui-ci montre l'exercice par la France de sa souveraineté dans ces zones, mais rappelle aussi la présence derrière le patrouilleur de toute une flotte – des frégates, des sous-marins, un porte-avions – qui exerce avec lui cette souveraineté. Les patrouilleurs n'ont donc pas besoin d'être très sophistiqués ; il suffit qu'ils permettent de voir le mieux possible, qu'ils soient endurants, qu'ils restent longtemps à la mer, qu'ils soient assez rapides pour attraper les contrevenants et qu'ils aient les moyens d'effectuer des tirs de semonce.

En ce qui concerne le drame des migrants en Libye, nous avons maintenant, je l'ai dit, un bateau engagé en permanence dans l'opération. J'ai entendu les questions qui se posent sur son financement, notamment sur celui de la formation des gardes-côtes. Mais cela ne relève pas de notre mission. La tâche additionnelle qui nous a été confiée est la lutte contre les trafics d'armes, qui requiert davantage de renseignement que de moyens financiers.

Le budget du programme 178 « Préparation et emploi des forces », permet sans le moindre doute de réaliser le plan « Horizon Marine 2025 », principalement grâce à l'effort consenti en matière d'EPM – le passage à 96 jours de mer sur les bâtiments de surface et une activité conforme aux normes pour les pilotes d'hélicoptère et les pilotes de chasse, ce qui satisfait mon principal besoin. Ce budget permet également de compléter à nouveau nos stocks de munitions. Il est conforme à ce que nous attendons.

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