Le comportement de la Pologne est parfaitement inacceptable. Depuis 2012 et sans doute avant, la France a déployé des efforts considérables pour remettre la Pologne dans le jeu, et nous avons établi des relations de grande confiance. Sous l'ancien gouvernement polonais, qui n'était pas socialiste, je me suis rendu quatorze fois en Pologne, et nous avons noué des liens très étroits, malgré certaines divergences d'appréciation ; l'entente avec mon homologue de l'époque, M. Siemoniak, a été bonne et nous avons eu des discussions stratégiques sur notre appréciation respective de la menace russe et de la nécessité de maintenir un dialogue avec Moscou, et sur d'autres questions, y compris en matière de coopération capacitaire.
L'accord relatif aux hélicoptères était conclu – bien que notre relation bilatérale ne portât pas uniquement sur ce marché. D'autres marchés étaient envisagés dans plusieurs domaines – sous-marins, protection aérienne. C'est en Pologne que j'ai annoncé la décision que nous avons prise de ne pas vendre les bâtiments de projection et de commandement (BPC) à la Russie après son intervention en Crimée.
Un accord, lorsqu'il est conclu, n'engage pas que le ministre ou le gouvernement qui le signe, mais l'État. Or, l'accord en question a été dénoncé de manière stupéfiante et sans qu'aucun argument valable ne soit formulé. La question des offsets, ou mesures compensatoires, a été soulevée, mais il nous était demandé de payer des compensations sur la fiscalité, dont il fallait aussi s'acquitter par ailleurs – autrement dit, de payer deux fois.
De surcroît, c'est la partie polonaise qui a rompu. Ce comportement est extrêmement inamical.