La décision est de nature politique : lors de la dernière campagne électorale, le dirigeant du parti Droit et Justice (PiS) avait annoncé qu'il n'accepterait en aucun cas la concrétisation de cet accord. Il a fallu quelques mois pour que cet engagement se traduise par une décision quelque peu brutale et inacceptable, qui aura des conséquences, juridiques et autres, car nous ne laisserons pas faire. À cet égard, je précise que nos opérations de présence renforcée dans le cadre de l'OTAN se déroulent en Estonie et en Lituanie, mais pas en Pologne.
Je le répète : de telles méthodes ne sont pas acceptables. J'ai négocié des contrats un peu partout dans le monde, et je n'ai jamais vu un comportement si impoli et incorrect. Sans doute l'intention de la partie polonaise était-elle d'ailleurs de rompre ; elle aura des conséquences, non seulement l'annulation de la visite officielle en Pologne, mais aussi d'autres conséquences que nous sommes en train de déterminer. Je ne suis pas le seul à réagir ainsi : nos collègues allemands ont le même sentiment. J'en viens à la Libye. Les seuls éléments que nous y avons déployés visent au renseignement – même si des drames les concernant peuvent survenir – car notre ennemi, Daech, se trouve en Libye, et il faut l'y attaquer. Le gouvernement de M. Al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, mène des actions contre Syrte, et nous l'y aidons avec nos moyens de renseignement. Si M. Al-Sarraj nous demandait davantage, nous accepterions.
Il faut néanmoins privilégier une situation politique inclusive en Libye. Nous souhaitons en particulier que les forces du général Haftar et celles du gouvernement d'union nationale se rassemblent pour constituer une structure sécuritaire unique. C'est ce souhait que j'ai exprimé au président égyptien Al-Sissi, et un consensus semble pouvoir se dessiner entre l'ensemble des pays voisins. À ce stade, toutefois, M. Al-Sarraj est fragilisé même à Tripoli, y compris par certains de ses propres partisans. Dans ces conditions, je m'interroge sur la capacité de la Libye à retrouver une situation politique plus sereine, même si de nombreux acteurs locaux demandent à M. Al-Sarraj d'ouvrir la composition d'un gouvernement d'union national de sorte que le Parlement, qui siège à Tobrouk, le valide.
Nous pourrions alors bloquer les sorties de migrants. Aujourd'hui, en effet, la force européenne qui conduit l'opération Sophia ne peut pas intervenir dans les eaux territoriales libyennes. Nous avons obtenu que cette force puisse au moins arraisonner des bateaux transportant des armes, y compris au profit de terroristes, et de faire ainsi respecter l'embargo sur les armes. C'est un premier pas mais, pour garantir notre propre sécurité, il faut que le gouvernement d'union nationale autorise la force Sophia à pénétrer dans les eaux territoriales libyennes pour intervenir face au trafic de migrants et d'armes, ou qu'il constitue à ces fins sa propre force de sécurisation. Je m'interroge néanmoins sur la capacité de M. Al-Sarraj à constituer un gouvernement susceptible d'être reconnu par le Parlement. Les trois principaux acteurs politiques, M. Al-Sarraj, M. Haftar et le président du Parlement de Tobrouk, M. Aguila Saleh, ne se parlent pas. En l'absence d'accord entre eux, la situation restera compliquée, changeante et susceptible de se dégrader si Daech se déplace vers le Sud et, faisant la jonction avec Boko Haram, ouvre une nouvelle route terroriste qui pourrait menacer notre propre sécurité.
Sur le Yemen, notre position est la suivante : il faut rechercher un processus politique permettant d'aboutir à un compromis global. Le Koweït a pris une initiative en ce sens, mais l'émir du Koweït, très engagé personnellement, a dû renoncer faute de pouvoir y donner suite. La diplomatie omanaise reprendra le flambeau pour tâcher d'obtenir un compromis. Il y a urgence.
Les drones qu'utilise le groupe État islamique, monsieur Marsaud, sont presque semblables à ceux que l'on trouve dans le commerce : en réalité, ce sont de petits drones ordinaires équipés d'explosifs – des engins explosifs improvisés, en quelque sorte. Il ne s'agit évidemment pas de drones militaires armés, mais de simples drones artisanaux, bricolés de sorte qu'ils explosent lorsqu'ils se posent.
La France, il est vrai, ne dispose pas de drones armés. La question de leur acquisition se pose.