Intervention de François de Rugy

Réunion du 19 octobre 2016 à 11h30
Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy, rapporteur :

S'agissant de l'investissement nécessaire pour lever certains verrous technologiques, nous avons identifié plusieurs défis et efforts à poursuivre, amplifier ou compléter.

Parmi les défis à relever, la question du stockage de l'électricité se pose régulièrement. Plusieurs techniques existent, plus ou moins mobilisables. Le stockage par batterie ne semble pas possible aujourd'hui à grande échelle mais peut être mobilisé parallèlement au développement de la voiture électrique. Encore faut-il que cette solution soit utilisée intelligemment.

On recense parmi les autres solutions technologiques le transfert d'énergie par pompage, qui existe déjà, et la filière Power to gas que certains appellent la « méthanation », et qui consiste en l'injection, dans le réseau de gaz, d'hydrogène ayant été produit à l'aide d'électricité renouvelable. La complémentarité entre la production d'électricité renouvelable et l'hydrogène peut être une solution intéressante pour écrêter la variabilité de la production renouvelable.

Je tiens ici à souligner que la question de la variabilité de la production – terme que je préfère à celui d'intermittence – est aussi vieille que le développement même des énergies renouvelables et qu'il faut tenir compte non seulement de l'écrêtement de la production mais aussi de celui de la consommation – sujet qui nous renvoie aux fameux smart grids (réseaux intelligents).

L'inadéquation entre la production et la consommation est un phénomène qui touche tous les modes de production d'électricité. Même si l'on a une production de base très élevée en France avec le parc nucléaire, il sera toujours difficile d'assurer une bonne adéquation entre offre et demande. Le moyen le plus simple d'assurer cette adéquation est la production thermique d'électricité, mais comme on cherche à réduire cette dernière pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, il faut trouver d'autres technologies.

Eu égard aux efforts d'investissement, le doublement prévu du fonds chaleur d'ici à 2017 devrait permettre de développer la compétitivité des projets de biomasse et de mieux soutenir la filière du biogaz qui peut être utilisée pour produire du gaz mais aussi de l'électricité et dont les effets sont neutres en termes d'émissions de gaz à effet de serre.

Nous avons donc évoqué les incitations au développement des technologies qui rendent service au système électrique. Nous tirons sur ce sujet la sonnette d'alarme car une partie de crédits destinés aux smart grids ont été amputés à l'occasion de redéploiements de crédits. C'est un mécanisme budgétaire que l'on connaît sous tous les gouvernements et tous les ans, le ministère des finances ayant toujours tendance à financer des mesures nouvelles par des redéploiements qui ne sont jamais totalement neutres.

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