Je partage avec M. Myard plusieurs interrogations que je formulerai néanmoins autrement. Nous avons reçu au fil des ans de nombreux interlocuteurs se présentant comme le gouvernement démocratique provisoire de la Syrie ; j'ai même rendu visite à certains d'entre eux à Gaziantep, du côté turc de la frontière. Or, tous ces gens se sont évaporés dans la nature, de même que l'aide – armes, équipement, matériel humanitaire et autres – qui leur a été accordée par les Français, entre autres. La question que pose M. Myard n'est donc pas aberrante : qui représentez-vous ? Qui vous finance ? Quelles perspectives proposez-vous ? La commission des affaires étrangères pas plus que la France ne sont des ONG. La France tâche de mener une action diplomatique en déployant dans la région des moyens humains, militaires et autres dans la région, même si la dimension humanitaire de cette action est importante.
Qui êtes-vous au juste ? Je comprends que vous êtes reçus en France au plus haut niveau de l'État, mais j'ignore toujours qui fait quoi. Voici ce que je souhaite vous demander : qui se bat à Alep contre le régime ? Quelles sont les milices présentes sur place et que représentent-elles ? S'agit-il de progressistes, de démocrates, ou de groupuscules islamistes – et lesquels ?
Quel est votre sentiment plus personnel, étant donné la violence que vous subissez depuis cinq ans comme les autres Syriens, sur l'avenir de votre pays ? La réconciliation est-elle possible avec les Alaouites et les autres minorités qui leur sont alliées et qui combattent chez vous, à Alep, mais aussi à Raqqa et ailleurs dans le pays ? Ce pays peut-il redevenir celui que la France a créé jadis, il y a une centaine d'années, ou faut-il envisager une configuration différente ?
Enfin, quel rôle jouent les Turcs dans la région, en particulier dans l'arrière-pays d'Alep ?