Intervention de Abdulrahman Almawwas

Réunion du 18 octobre 2016 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Abdulrahman Almawwas, vice-président des Casques blancs syriens :

Nous représentons ceux qui sont encore à Alep. Nous sommes 120 volontaires pour servir 300 000 personnes. J'ignore sur quelles informations vous vous fondez, monsieur le député, pour mettre en doute le nombre de civils qui restent dans la ville, puisque vous n'avez pas cité vos sources. Ce qui nous importe, ce sont les civils syriens. Si vous disposez de documents attestant qu'il ne reste pas 300 000 personnes dans notre ville, nous sommes prêts à les accepter. En attendant, nous distribuons de l'aide à 300 000 personnes. Nous pouvons prouver que 5 170 personnes ont été blessées et 1 700 tuées. J'ai honte de devoir répondre à votre question. Nous savons qui nous représentons. Les Casques blancs ont été créés en 2013 sur la base du volontariat. Nous avons sauvé 70 000 personnes, dont nous pouvons vous fournir les noms. Nous recevons un soutien provenant de cinq pays : l'agence américaine USAID, ainsi que les gouvernements du Royaume-Uni – pour 5 millions de livres –, des Pays-Bas, de l'Allemagne et du Danemark. Ces données sont vérifiables auprès des ministères des affaires étrangères des pays concernés. Nous pouvons également vous fournir la copie de notre budget et attester de la manière dont nos fonds sont dépensés, car notre direction financière est très claire ; vous constaterez alors quelle part de notre budget est consacrée aux dépenses d'équipement, de fonctionnement, de transport et autres.

Vous jetez une lumière négative sur l'aide, mais nous avons joué un rôle extrêmement utile. Nous avons rencontré le représentant du Bureau de la coordination des affaires humanitaires en Syrie. Je ne sais comment vous vous êtes forgé l'image que vous avez, mais ce sont le régime et la Russie qui ont fermé le passage du Castello pour empêcher l'acheminement de d'aide jusqu'à la ville.

De même, le convoi humanitaire du PAM touché le 19 septembre a clairement été visé par un raid aérien, chacun en convient. Qui a empêché l'aide humanitaire d'atteindre la ville ? Qui a voulu tuer des civils ? Il nous importe beaucoup de le savoir, en effet, car les générations futures, en Syrie comme chez vous, nous demanderont à tous pourquoi les choses se sont passées ainsi, et pourquoi vous êtes restés les bras croisés à regarder les gens mourir. Nous serions donc très intéressés de consulter les documents sur lesquels vous fondez vos déclarations, monsieur Myard.

Sans doute savez-vous mieux désormais qui nous sommes et qui nous représentons, M. Lellouche. Nous sommes syriens, issus de parcours différents : j'ai une formation d'ingénieur, d'autres sont médecins, ouvriers du bâtiment, avocats, enseignants. Nos milliers de volontaires croient en une Syrie libre et démocratique, qui sont convaincus qu'il s'agit là d'une révolution populaire comme celle de 1789, qui ont foi dans les principes sur lesquels les pays européens se sont fondés pour bâtir leurs systèmes démocratiques. J'ai ressenti une grande fierté aujourd'hui, lorsque l'Assemblée nationale, qui représente le peuple français, nous a applaudis, à gauche comme à droite. Voilà ce à quoi nous voulons parvenir ; nous n'attaquons personne et nous en remettons au droit. Le fait même de déclarer un cessez-le-feu pour permettre l'entrée dans la ville de l'aide humanitaire revient de facto à reconnaître que les bombardements empêchent l'acheminement de cette aide, de même que le fait de déclarer la levée du blocus revient de facto à reconnaître que le blocus est imposé. Je ne sais comment dire les choses autrement qu'ainsi : si l'on ne voit pas la réalité, c'est qu'on ne veut pas la voir. Nous pouvons vous donner toutes les informations que vous demandez.

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