Intervention de Chadi Homedan

Réunion du 18 octobre 2016 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Chadi Homedan, médecin :

Permettez-moi de revenir sur la question de l'aide humanitaire en commençant par vous dire qui nous sommes : nous sommes tous des Syriens qui aiment la Syrie, que nous vivions en Syrie ou ailleurs. Il ne faut pas négliger le rôle essentiel de la diaspora syrienne, qui compte environ 10 millions de personnes – la Syrie avant la guerre en comptait 17 millions – et s'est construite au fil de plusieurs générations d'émigration. Dans chaque hôpital français exercent plusieurs médecins syriens ou d'origine syrienne. Comme leurs collègues du monde entier, bon nombre d'entre eux sont très sensibles à ce qui se passe en Syrie, où il se sont sentis appelés en tant que médecins mais aussi concitoyens.

Nous avons donc entrepris de nous organiser. Notre association, créée en mars 2011 sous le nom d'association d'aide aux victimes en Syrie (AAVS), a tenu sa première réunion dans un appartement ; jamais nous n'aurions imaginé nous retrouver un jour dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Mus par notre volonté d'aider, nous avons recueilli la confiance des bailleurs et des donateurs en leur donnant des gages de notre fiabilité autour de projets concrets, comme en attestent nos hôpitaux en Syrie. L'UOSSM emploie désormais un millier de salariés en Syrie, étant entendu que leurs salaires sont financés par l'aide internationale, en particulier celle de la diaspora syrienne – nombreux sont ceux qui, comme moi, donnent une partie de leurs revenus et de leur temps à ces fins depuis des années.

Comment acheminer l'aide sur place ? Le système de santé s'est effondré sur près des deux tiers du territoire syrien. Les hôpitaux relevant de l'État ont cessé de fonctionner ou ont été endommagés et les fonctionnaires hospitaliers ne percevaient plus leurs salaires. Précisons que même avant 2011, ce système était loin d'être exemplaire, car la corruption le paralysait.

Nombreuses sont les ONG les plus importantes dans le secteur de l'aide médicale – la Croix-Rouge française et le Comité international de la Croix-Rouge, par exemple – qui ne peuvent travailler dans un pays qu'avec l'autorisation de son gouvernement, en l'occurrence celui de Damas. Plusieurs vidéos attestent que l'aide apportée par le Croissant-Rouge ou la Croix-Rouge française se retrouve vendue à la sauvette, sur les trottoirs, ou saisie par les troupes d'Assad à des fins militaires. Ceux qui le connaissent bien devraient interroger M. Assad pour obtenir des réponses sur ce point.

Dans ces conditions, les ONG indépendantes ont créé depuis 2011 un système parallèle de santé qui dispose d'hôpitaux, de centres de soins primaires et de hangars pour stocker l'aide humanitaire faite de produits recyclés et non utilisés par les établissements de santé français et autres, que nous sommes en mesure d'acheminer et de trier. Nous souhaitons obtenir une autorisation spéciale en faveur de la cause syrienne, de sorte que nous puissions acheminer des médicaments non utilisés avant leur destruction, et que notre personnel sur place se charge de leur répartition adéquate.

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