Intervention de Bruno Gollnisch

Réunion du 12 octobre 2016 à 8h30
Commission des affaires européennes

Bruno Gollnisch, député européen :

Merci beaucoup, madame la présidente, d'avoir organisé ce débat très intéressant. Je regrette qu'il n'y ait pas davantage de mes collègues députés européens pour le suivre.

Je reconnais en M. Van Middelaar le digne successeur de Hugo de Groot alias Grotius, grand juriste et philosophe néerlandais. Et je n'oublie pas que l'abbé de Saint-Pierre, qui était non seulement un ecclésiastique, mais aussi un philosophe et un homme politique, a fait publier son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe à Utrecht.

J'appartiens à une formation réputée eurosceptique, voire hostile à l'Union européenne, mais je me garderai de toute polémique.

Je voudrais revenir sur les concepts de protection et d'ouverture que vous avez utilisés et qui sont, selon moi, centraux. Je me demande si la crise actuelle de légitimité de l'Union européenne ne tient pas précisément à ce que la libre circulation des personnes, des marchandises et des capitaux, dogme de départ de l'Union, a été étendue au-delà de ses frontières. Cela provoque une double crise de légitimité. D'une part, ainsi que vous l'avez très bien montré, vis-à-vis de ceux qui sont attachés à la protection non seulement de leur identité, mais aussi de leurs régimes sociaux, de leur niveau de salaire et de leur niveau de vie. Ils estiment que l'ouverture des frontières de l'Europe à la concurrence de pays qui ne jouent pas selon les mêmes règles provoque les délocalisations, le chômage, une certaine forme de concurrence déloyale et un certain dumping social. D'autre part, cette crise de légitimité touche aussi, paradoxalement, les libéraux, ainsi que nous l'avons vu avec le Brexit : un certain nombre de Britanniques libéraux, voire ultralibéraux, se disent que l'on a plus tellement besoin de l'Europe pour commercer avec le reste du monde. À partir du moment où l'Union européenne est intégrée dans un ensemble beaucoup plus large, notamment via l'Organisation mondiale du commerce (OMC), quel est l'intérêt de l'interdépendance économique voulue par les pères fondateurs ou de la libre circulation des personnes, des marchandises et des capitaux, qui réalisait une certaine intégration dans ce que l'on appelait autrefois le « marché commun » ? En fin de compte, même ceux qui sont favorables à la mondialisation se demandent quelle est l'utilité d'un organisme régional, si c'est pour avoir un abaissement général des frontières économiques et une liberté globale des mouvements de capitaux.

Pour redonner de l'intérêt à l'Europe, ne faudrait-il pas, en faisant preuve d'un peu de modestie, en revenir à une direction par projets ? Paradoxalement, les réalisations européennes que l'on met généralement en avant, par exemple l'avion Airbus ou la fusée Ariane, ne se sont pas faites dans le cadre de l'Union européenne. Néanmoins, un certain nombre de projets menés à bien dans le cadre de l'Union rencontrent aux aussi l'adhésion, notamment le programme Erasmus, que vous avez évoqué. Nous pourrions développer des projets précis, chiffrés, quantifiables, dont les coûts et les avantages pourraient être comparés par les citoyens. Ne faudrait-il pas multiplier de tels projets communs dans le domaine de la recherche, de l'industrie ou des transports sans trop poursuivre l'intégration institutionnelle que nous avons connue jusqu'à présent ?

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