Je suis radicalement opposé à la stratégie de l'AFD, et je pense que vous ne remplissez pas les vraies missions de l'Agence, notamment pour ce qui est d'aider les pays les plus pauvres en voie de développement. Vous n'avez pas à avoir de stratégie commerciale, ce n'est pas votre rôle, même si c'est la feuille de route que vous avait donnée l'ancien Gouvernement. J'espère que vos ministres de tutelle d'aujourd'hui vous donneront une autre mission.
Vous dites recevoir 600 millions de l'État et lui donner, en retour 1,2 milliard de dividendes. Bravo ! Mais ce n'est pas le rôle de l'AFD. Que l'État ne perde pas d'argent, c'est une chose, qu'il fasse des bénéfices et des rentrées financières sur la politique d'aide au développement, ce n'est pas normal.
S'agissant des pays émergents, de la Chine en particulier, ce n'est pas à vous d'avoir une stratégie commerciale. Pour cela, il y a l'État, le Président de la République, le Premier ministre.
Vous dites donner la priorité aux quatorze pays les plus pauvres au Sahel. Avec 167 millions d'euros de subventions, soit 9,8 millions par pays en moyenne, c'est une plaisanterie ! Au Mali, qui occupe le 178e rang mondial au regard du PIB, vous accordez 57 millions de prêts – les agios, c'est bon pour l'Agence – et seulement 8,3 millions de subventions. Clairement, votre priorité n'est pas aujourd'hui l'aide aux pays les plus pauvres de la planète, et singulièrement aux pays du Sahel, envers lesquels nous avons une responsabilité morale en tant qu'ancienne puissance coloniale.