Les objectifs du millénaire ne seront pas tenus, non plus que les 0,7 % du PIB. Pourtant, les Français aiment et soutiennent l'aide au développement. Ils préfèrent aussi être riches et bien portants que pauvres et malades.
Je reviens sur le rapport mentionné par Nicole Ameline, qui faisait état de la contradiction qu'il y avait à favoriser les prêts plutôt que les dons, donc les pays solvables au détriment des plus pauvres qui restent sur la touche. Nous disions aussi ce que nous pensions de la non-maîtrise du bilatéral, qui n'est pas acceptable, comme nous dénoncions l'hypocrisie des aides déliées, qui servent surtout les intérêts des autres pays.
Nous évoquions aussi le problème des prêts à la Chine. Si nous lui prêtons aux taux du marché, quel est l'intérêt pour elle d'emprunter chez nous quand elle peut avoir les mêmes prêts ailleurs ? L'année dernière, nous avions démontré que nous prêtions à la Chine à un taux inférieur à celui que la Chine elle-même pratique quand elle prête aux États-Unis, ce qui est pour le moins paradoxal dans le cadre de l'aide au développement.
Je suis d'accord avec M. Asensi, il est scandaleux que l'État récupère de l'argent sur l'aide au développement. Si l'on passe néanmoins de 200 millions l'année précédente à 60 millions cette année, j'espère que la tendance ira en se confirmant jusqu'à plus grand-chose.
L'AFD n'a pas vocation à être une banque de commerce extérieur, avez-vous dit. Quand même, les pays en voie de développement, eux, ont besoin d'exporter. Pour cela, il leur manque l'expertise sur leurs capacités à exporter, sur leurs productions, sur les marchés. En la matière, des appels d'offres sont lancés pour répondre à leur demande. J'ai l'honneur de présider l'agence Ubifrance, qui a obtenu des résultats en Algérie dans le cadre de TAIEX, des contrats de courte et de longue durée. Le Centre du commerce international, basé à Genève, a la charge de renforcer les capacités de ces pays en matière d'aide au développement. Or on sait pertinemment que c'est à travers des financements multilatéraux et bilatéraux. Aujourd'hui, l'AFD est sans doute le meilleur bailleur de fonds pour financer ces actions avec un programme de renforcement des capacités commerciales. Or on remarque que la totalité des crédits de ce programme n'a pas été utilisée. Ubifrance est intervenue en Algérie, elle aurait pu le faire en Tunisie, en Côte d'Ivoire, au Sénégal mais elle n'a pas eu les moyens de le faire.
Vous prenez comme postulat que l'aide de l'AFD est dédiée, que l'Agence n'a pas vocation à financer d'autres agences françaises. Je vous rétorque que lorsque vous ne faites pas travailler Ubifrance, vous n'êtes pas obligé de prendre un intervenant qui coûte plus cher – je sais que cela a été le cas à plusieurs reprises. En Chine, par exemple, d'autres se posent moins de problèmes avec les aides liées. Du reste, un appel d'offres n'est pas une aide liée. Que peut faire l'AFD pour que nos expertises, lorsqu'elles sont moins chères, puissent être prises en considération ? Nous avons un savoir-faire qui est reconnu dans le monde et parfois bien supérieur à celui de ceux qui interviennent.